L’association La 25e Heure du Livre, qui était à l’origine du salon auquel elle a donné son nom, a ainsi été remplacée dès janvier dernier dans le cadre d’un contrat pluriannuel par SR Conseils, la structure d’événementiel culturel de Sylvie Rostain. En tant que directrice artistique, Sylvie Rostain, organisatrice d'événements (Livr'à Vannes), a pour mission de faire de « Faites lire ! » un salon d’auteurs à part entière, avec en ligne de mire l’acquisition d’une résonance nationale qui faisait jusqu’alors défaut à « La 25e Heure du Livre ».
La rupture se veut nette avec « La 25e Heure du Livre », qui faisait la part belle aux éditeurs indépendants et locaux. « Les éditeurs indépendants occupaient 80 % de la programmation et nous dépossédaient de notre liberté d’organisation, contextualise Émilie Lepourreau, conseillère spéciale en charge des thématiques stratégiques auprès du maire du Mans Stéphane Le Foll. Notre souhait était de travailler avec l’association dans le cadre d’une réorganisation du salon pour faire en sorte qu’elle reste associée au comité de pilotage. Mais nous ne sommes pas parvenus à définir des objectifs communs, plusieurs représentants de l’association ayant perçu comme de l’ingérence notre volonté de composer avec eux. »
Symbole de ces désaccords, la démission de Thierry Hubert, qui présidait l’association depuis 17 ans, est intervenue en mars dernier. Elle a été suivie par celle de plusieurs membres du bureau. Après un court intérim de Denis Piel, la présidence de La 25e Heure du Livre est maintenant assurée par Bertrand Coudreau, également vice-président de l’association des auteurs du Maine et du Loir.
Une renaissance de la 25e Heure du Livre au printemps ?
Contrairement aux membres démissionnaires, Bertrand Coudreau plaide en faveur du maintien des relations avec la municipalité. La réorganisation de ses missions a néanmoins contraint l’association à licencier ce mois de juin ses deux salariées à temps plein, dont l’essentiel des tâches relevait de la programmation du salon.
A « Faites lire », La 25e Heure du Livre conserve un petit rôle d’accueil et de logistique, mais l’avenir de l’association, qui perçoit une subvention annuelle de 90000 euros du Mans, reste très incertain. Si la ville confirme son intention de « préserver » la subvention dans les années à venir, celle-ci devra néanmoins « être redéfinie en cohérence avec les rôles nouvellement définis de l’association », prévient Émilie Lepourreau.
« Pourquoi ne pas lancer un nouveau salon dédié aux auteurs de la région ? » lui répond Bertrand Coudreau, qui réfléchit à lancer un événement pour le printemps 2022. Le projet, « aujourd’hui simplement à l’étude », a reçu « l’écoute bienveillante » de Stéphane Le Foll, a-t-il indiqué à Livres Hebdo. « En se concentrant sur les auteurs locaux, les auteurs autoédités et les associations du Mans et de la Sarthe, ce salon serait complémentaire de Faites lire, qui fait la part belle aux vedettes de la littérature », ajoute Bertrand Coudreau.
De fait, sous la houlette de Sylvie Rostain, « Faites lire » accueillera 180 auteurs (dont 100 de littérature générale, 50 de jeunesse et 30 de bande dessinée), parmi lesquels de nombreux écrivains reconnus au plan national. Si les éditeurs indépendants ne seront plus invités, le salon conserve toutefois un espace pour les petits éditeurs locaux. « Il y a de la place pour les éditeurs indépendants, mais uniquement s’ils sont de la région mancelle », précise Émilie Lepourreau.
« La 25e Heure du Livre » affichait une fréquentation moyenne de 20 à 30 000 visiteurs payants lors de ses dernières éditions. « Faites lire ! », qui sera accessible gratuitement, espère attirer un public bien plus nombreux : l’événement capitalise pour ce faire sur le festival éponyme lancé dès 2018 par Stéphane Le Foll lors de son arrivée à la mairie. Le festival « Faites Lire ! » se déroule toute la deuxième semaine d’octobre et consiste en diverses manifestations (créations théâtrales, happenings, déambulations...). « Le salon arrive en fin de semaine comme le point d’orgue de cette semaine de festival. La porosité entre les deux rendez-vous est très forte et il apparaissait logique de leur donner une identité partagée autour de l’appellation "Faites lire" », conclut Sylvie Rostain.