Depuis ses débuts, Peter Ackroyd se plaît à alterner romans et biographies. On n’est pas étonné que celui qui signa naguère une vie de Dickens chez Stock publie un roman rendant hommage à l’auteur des Grandes espérances. On y suivra le destin de trois frères nés à un an d’intervalle, tous à midi un 8 mai.
Nous voici ramenés au siècle dernier. Peu après la Seconde Guerre mondiale. A Camden, au nord de Londres, dans un quartier de maisons jumelées en briques rouge sombre. Là où évoluent les trois fils Hanway. Harry, l’aîné. Sam, le benjamin. Daniel, le cadet. Des gamins qui jouent à cache-cache et étudient les insectes.
Quand leur mère Sally déserte le domicile conjugal, les pauvres ont respectivement 10, 9 et 8 ans. Et doivent rester seuls avec leur père, gardien de nuit dans la City et aspirant écrivain en mal d’inspiration. Leurs routes ne seront pas les mêmes, bien au contraire. Peu porté sur l’école, Harry commence tôt à travailler au Clairon où il découvre l’atmosphère survoltée d’un journal et de son imprimerie. Il devient reporter et fréquente Hilda, une dactylo excentrique. Ambitieux et doué, Harry ne tarde pas à prendre du galon. A apprendre comment fonctionne le monde de la politique et comment on traque les scoops.
Erudit qui n’aime pas le vide, Daniel, lui, prend le chemin de Cambridge et des livres. Il entame une thèse sur "l’élément criminel dans la littérature du XVIIIe" et comprend qu’il est plus attiré par les garçons que par les filles. Sam, enfin, s’avère être un timide et un solitaire. Il quitte son job dans un supermarché du coin pour traîner dans les rues, aider les vagabonds et parler à la Vierge dans une église…
Romanesque et attachant, Trois frères apporte une nouvelle preuve des talents de conteur d’un Peter Ackroyd au meilleur de sa forme. Al. F.