Enraciné à la Corrèze, admirateur de la France profonde, nostalgique de De Gaulle et animateur intellectuel de la droite française depuis les années 1970, ce compagnon de route de Jacques Chirac, qui s'était fâché avec lui quand l'auteur a choisi de soutenir Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007, a débuté comme journaliste à La Montagne, en Corrèze, à Madame Figaro et à La Dépêche du Midi. Il décède un an jour pour jour après l'ancien président de la République Jacques Chirac, qui en avait fait son représentant personnel au Conseil permanent de la francophonie de 1995 à 1998.
En 2005, il a présidé un Comité de réflexion et de propositions sur la traite des Noirs à Bordeaux. Conservateur, catholique revendiqué et traditionnaliste, ce fan de rugby a signé une quarantaine de livres et avait dirigé la maison d'édition La Table ronde, de 1992 à 2007, acquise en totalité en 2004 par Gallimard. Il avait été remplacé par Alice Déon.
Très critique sur la droite actuelle, pas assez dure selon lui, il signait encore un billet d'humeur chaque semaine dans l'hebdomadaire Valeurs actuelles, s'attaquant aussi bien à la Loi Bioéthique qu'à la privation des libertés pendant la crise sanitaire, et des tribunes dans Marianne.
Une œuvre nostalgique
Parmi ses nombreux ouvrages, on compte plusieurs essais traversant son idée d'une certaine France, mais pas seulement : Spleen en Corrèze (Edition des autres, 1979), journal ultérieurement réédité par La Table ronde, Le Mystère Simenon (Calmann-Lévy, 1980), Le Dakar 88 (Hachette, 1988), avec des photos de Yann Arthus-Bertrand, Les Corréziens (Robert Laffont, 1991), coécrit avec Pierre Dauzier, La Manche de Don Quichotte (La Table ronde, 2005), avec des dessins de Yan Méot, Le venin de la mélancolie (La Table ronde, 2005), Les mots de De Gaulle (Dalloz, 2010), Dictionnaire amoureux du catholicisme, Petit dictionnaire amoureux de la France et Dictionnaire amoureux du Général, son dernier ouvrage paru en février dernier (tous chez Plon), Du bonheur d'être réac (Les Equateurs, 2014), Mai 68: L'arnaque du siècle (Albin Michel, 2018). L'an dernier, il publiait chez Albin Michel, Elle: éloge de l'éternel féminin, pamphlet et récit personnel, où il voulait rappeler la nécessaire singularité des hommes et des femmes face à l'effacement des identités, encouragé par un féminisme ambiant culpabilisant et oppressif.
Il a également signé des biographies comme Chirac le gaulois (La Table ronde, 2002), Chirac-Hollande, une histoire corrézienne (Plon, 2014), ou encore Sur les pas de Chateaubriand (Presses de la renaissance, 2009).
Enfin, poète (Sur les ponts des regrets, Dillettante, 2019) et nouvelliste, il a aussi été romancier. D'abord chez Robert Laffont (Le Rêveur d'Amériques, Le Bonheur à Souillac, L'été anglais, L'Irlandaise du Dakar, Les Châteaux de Bercilly...), puis récemment chez Plon (La nuit étoilée, 2013), et Albin Michel (Caractériel, 2018), une exploration autobiographique et nostalgique de la France des années 1960, entre Paris et Loupiac.
Denis Tillinac a reçu de nombreuses distinctions au fil de sa carrière: prix de la Table ronde française (1982), prix Roger-Nimier (1983), prix Kléber-Haedens (1987), prix Jacques-Chardonne (1990), prix du roman populiste (1993), grand prix de littérature sportive (1993), prix Paul-Léautaud (1999), prix du livre politique (2005), et cette année, prix de l'Enracinement-Simone Weil (2020).