Hervé de La Martinière s’est éteint le 8 mai, annonce le groupe Média-Participations dans un communiqué. Le fondateur des éditions La Martinière, maison dédiée aux beaux-livres et aux livres illustrés qu’il avait créée en 1992, était âgé de 78 ans.
Cette grande figure de l’édition, dont la première partie de la carrière s’est déroulée au sein du groupe Hachette où il passa 15 ans à la direction commerciale de plusieurs maisons (Grasset, Fayard, Chêne…) avant de devenir éditeur dans d’autres filiales du groupe puis de prendre, en 1987, la direction de Nathan, n’avait eu de cesse de renforcer les éditions de La Martinière par une politique d’acquisitions successives.
Naissance du groupe La Martinière
Cinq ans après la naissance de La Martinière, le rachat en 1997 des éditions new-yorkaises Abrams Books compta parmi les acquisitions les plus notables avant celles de Knesebeck et Delachaux et Niestlé. En 1999, la publication aux éditions de La Martinière de La Terre vue du ciel de Yann Arthus-Bertrand « dont le format et le prix de vente défiaient la logique commerciale de l’époque » firent date. Succès planétaire, l’ouvrage s’est vendu à 3,5 millions d’exemplaires.
Un nouveau cap majeur a été franchi en 2004 avec la reprise du Seuil et de ses maisons associées (Points, Métailié, L’Olivier…). Le groupe La Martinière devient alors l’un des acteurs majeurs de l’édition française, contrôlant sa diffusion et sa distribution.
Entrée dans le groupe Média-Participations
En 2017, la reprise de La Martinière par Média-Participations avait donné naissance au 3e groupe d’édition français, avec 702,7 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, derrière Editis (751 millions d’euros) et Hachette Livre (2,8 milliards d’euros).
Hervé de La Martinière, devenu vice-président du groupe, a continué à s’impliquer dans la réussite du nouvel ensemble.
Le groupe Média-Participations rend hommage à sa ténacité et à son engagement : « Hervé de La Martinière était un homme de défis et de combats, même quand l’adversaire avait tout du Goliath : ainsi du procès qu’il entreprit, seul, contre Google en 2006, bientôt rejoint par le Syndicat national de l'édition et ses confrères éditeurs, et qui se conclut par un accord historique ».
« Un éditeur talentueux et un entrepreneur audacieux »
Le groupe salue également un « fervent admirateur de ses auteurs », tels Yann-Arthus Bertrand, Hans Silvester ou Matthieu Ricard auxquels il vouait une « fidélité et une amitié indéfectible », ainsi qu’un « amoureux de la littérature à qui il tenait à cœur de créer un département littéraire du nom de sa maison ; un défenseur de la librairie et d’une certaine idée de l’édition ».
« Comme Hervé de La Martinière le disait lui-même, nous avons commencé à construire nos deux maisons pratiquement au même moment. Et depuis plus de 30 ans j’ai eu l’occasion de croiser Hervé comme confrère d’abord, parfois concurrent, puis de manière très régulière au sein du Bureau du Syndicat national de l’édition. C’est à son initiative que nous avions décidé de rapprocher nos deux groupes. Et depuis plus de 7 ans, il a été un partenaire efficace et exigeant, d’une loyauté absolue. La réussite de notre groupe lui doit beaucoup. C’était un éditeur talentueux et un entrepreneur audacieux. C’est une figure marquante de l’édition qui nous quitte aujourd’hui, mais c’est l’ami qu’il était devenu qui nous manque déjà. Son départ nous laisse infiniment tristes mais aussi très fiers de continuer à faire grandir une maison qui porte son nom », a réagi Vincent Montagne, président du groupe Média-Participations.