Figure de l’édition argentine, Daniel Divinsky est décédé à Buenos Aires, le 1er août, à l’âge de 83 ans. Cofondateur de la maison indépendante et engagée Ediciones de la Flor, il s’est notamment fait connaître pour avoir publié Mafalda, la célèbre bande dessinée de Quino (éditée en France chez Glénat).
Le patrimoine argentin à l'honneur
Né en 1942, Daniel Divinsky était entré dans le monde du livre à l’âge de quinze ans, grâce à sa rencontre avec le libraire, éditeur et producteur Jorge Álvarez. En 1966, il fonda avec ce dernier et Óscar Finkelberg les Ediciones de la Flor, une structure généraliste, indépendante et engagée. La maison inaugurera son catalogue un an plus tard avec la publication d’un ouvrage mettant à l’honneur plusieurs grandes voix de la littérature argentine, parmi lesquelles Julio Cortázar, Rodolfo Walsh et David Viñas.
Mais c’est en 1970 que les éditions connaissent un tournant décisif avec la publication de Mafalda. Imaginée par Quino, ami proche de Daniel Divinsky, cette bande dessinée racontant les réflexions d’une fillette idéaliste et humaniste rencontra un succès immédiat à travers le monde. Publiée en France aux éditions Glénat, Mafalda a très récemment quitté sa maison d’édition historique pour rejoindre Penguin Random House après 55 ans de collaboration éditoriale. Selon Jacques Glénat, contacté par Livres Hebdo : « Les éditions Flor ont compris la modernité de Mafalda, et ont fait de la petite fille la grande héroïne de l'Argentine culturelle et politique ».
L’engagement comme moteur
Animé par des convictions fortes, Daniel Divinsky, et ses collaborateurs des Ediciones de la Flor, ont publié de nombreux ouvrages politiques et des satires, tant pour les adultes que pour les enfants. Cet engagement lui valut quatre mois d’emprisonnement pour subversion, puis un exil de six ans au Venezuela. De retour en Argentine en 1983, il poursuivit son travail d’éditeur jusqu’en 2015, année où il céda ses parts pour un prix symbolique.
Avec des centaines d’ouvrages publiés à son actif, l’éditeur contribua à promouvoir des intellectuels incontournables de la scène latino-américaine tels que Griselda Gambaro, Umberto Eco, Vinicius de Moraes, José Lezama Lima, Rodolfo Fogwill, Martín Caparrós, ou encore Roberto Fontanarrosa.
Reconnu comme une figure emblématique de l'industrie du livre, il est décrit par Constanza Brunet, directrice éditoriale de la maison Marea en Argentine, comme un « grand soutien de l’édition indépendante » et un mentor qui « suivait tout avec attention ».