Pierre Dutilleul s'est éteint le 4 avril à la suite d'une « fulgurante maladie », a annoncé dans un communiqué le Syndicat national de l’édition (SNE). Il a été directeur général de l’institution de 2016 à 2023, après avoir été membre du bureau et trésorier de 2009 à 2016. Au fil de ses mandats, il a participé à la transformation post-Covid du Salon de Paris en Festival du livre de Paris (en 2022) ou encore à la mise en place de la directive européenne sur le droit d’auteur, votée en 2019.
Au long de sa carrière, Pierre Dutilleul s'est efforcé d'améliorer la relation auteurs-éditeurs dans l'interprofession, sans toujours y parvenir. En 2018, le mouvement #PayeTonAuteur était ainsi né du refus de changer le modèle de rémunération des auteurs. « Je mettais un point d’honneur à rétablir la confiance entre les auteurs et les éditeurs. Et je reconnais que je n’ai pas complétement réussi. J’ai dit que nous ne reviendrions pas sur le modèle d’évolution des rémunérations, et ça ne m’a pas forcément rendu populaire », nous confiait-il en 2023 dans un long entretien.
Un homme d'engagements
Des avancées ont néanmoins été obtenues. Les longues discussions entre le Centre national du livre (CNL), la Sofia, le groupe BD du SNE et le ministère de la Culture ont mené à l'expérimentation dès 2022 d’un dispositif d’aide financière pour rémunérer les auteurs de bande dessinée en festival et aujourd'hui pérennisé.
Après son départ du SNE en 2023, Pierre Dutilleul a poursuivi ses engagements. À Livres Hebdo, il indiquait « réfléchir avec un certain nombre d’éditeurs et le SNE aux métiers de l’édition de demain. Et aux formations qu’il faudrait mettre en place. Les métiers qui émergent, ceux qui disparaissent, le rôle de l’IA, comment cibler les bonnes personnes… » Retraité, Pierre Dutilleul est resté actif en devenant trésorier du Labo des histoires, une association qui démocratise l’écriture chez les jeunes à travers des ateliers. En 2024, il était devenu président de la nouvelle plateforme de recrutement dans l’édition LivrEmploi.
«Toujours dans le service et la discrétion, Pierre était unanimement apprécié, savait écouter et apporter des solutions aux questions qu’il fallait résoudre. Au fil du temps, Pierre était surtout devenu un ami et nous n’oublierons pas le regard bienveillant qu’il posait sur chacun d’entre nous », lui rend hommage le président du SNE, Vincent Montagne.
Les années Editis
Avant de prendre la direction du SNE, Pierre Dutilleul a passé 26 ans au sein d’Editis. Directeur du contrôle de gestion du Groupe, vice-président directeur général des Presses-Solar-Belfond, créateur des Presses de la Renaissance en 1997, P-DG des Éditions de la Cité, de La Découverte, de Masson, de Médimedia France et Benelux, de SEJER et Sogedif, directeur des ressources humaines et de la communication d’Editis (2008 à 2013), puis directeur général de Plon/Perrin/Presses de la Renaissance, directeur général de Robert Laffont/Julliard, il avait enfin été directeur des relations extérieures et interprofessionnelles d’Editis de 2015 à 2016.
En dehors de son activité chez Editis, Pierre Dutilleul a été administrateur du Bureau International de l’Édition Française, président de la Fédération des éditeurs européens (FEE/ 2014-2016) et membre du Comité exécutif de l’Union Internationale des Éditeurs (2014-2023). Une des déclarations de Pierre Dutilleul, prononcée lors de sa nomination à la présidence de la FEE, résume sa carrière : « Nous ne devons pas oublier que l’édition est une industrie de service et de création et nous devons positionner, faciliter, rendre attractif et développer ces talents qui font le livre, pour qu’il reste même en temps de crise, un bien culturel de première nécessité. »