Le classement complet des 400 premières librairies françaises en 2022 est à retrouver en document lié à cet article.
TOP 400 2022
Des croissances à un, deux et même trois chiffres. Dans le 18e classement annuel Livres Hebdo des premières librairies françaises, les compteurs s'affolent, témoignant d'une année 2021 exceptionnelle, stimulée par la reconnaissance des librairies comme « commerces essentiels ». Tandis que le précédent palmarès reflétait le recul du marché du livre, celui-ci répond à la croissance record des ventes de livres, de +12,5 % enregistrée en moyenne l'année dernière, d'après nos données Livres Hebdo/Xerfi Spécific.
Dans cette euphorie, un plus grand nombre de librairies nous ont transmis leurs données, et le classement retrouve ses 400 librairies référencées. Parmi elles, seules 44 affichent des résultats en baisse. Les autres stabilisent des chiffres d'affaires qui étaient déjà en forte hausse dans l'édition précédente, à l'image de la librairie rennaise Le Failler, ou bien progressent de façon remarquable. Plus d'une librairie sur dix augmente ainsi son chiffre de plus de 40 % par rapport à 2020, dépassant le plus souvent les résultats d'avant-crise. C'est notamment le cas pour Arthaud Grenoble (+ 44 % par rapport à 2020), pour Le Merle Moqueur à Paris (+ 42 %) qui grimpe d'une vingtaine de places en un an, ou encore pour Dernier Rempart à Antibes (+ 70 %), né en avril 2021 de la fusion entre la librairie généraliste Masséna et Comic Strips Café.
Gibert, de nouveau numéro 1
Le Top 10 du classement est plus contrasté, puisque 5 entreprises y affichent des résultats négatifs. Après avoir brièvement occupé la première marche du podium dans le classement 2021, la librairie bordelaise Mollat (-10 %) retrouve la seconde avec des ventes légèrement inférieures à celles d'avant la pandémie. Gibert Joseph, qui a fermé les emblématiques magasins de la place Saint-Michel à Paris en mars 2021, retrouve sa place de leader avec un chiffre d'affaires dépassant les 36 millions d'euros. C'est plus de deux fois celui de la Scop Savoir Plus (ex-Sadel), spécialiste du livre scolaire et jeunesse, qui fait son entrée sur la 3e marche du podium.
Quatrième du classement l'an dernier, la montpelliéraine Sauramps Comédie, gérée par une nouvelle direction depuis octobre 2020, accuse quant à elle un recul de 18 % sur le dernier exercice, dévissant à la 8e place du palmarès. À l'inverse, d'autres enseignes cartonnent sur l'ensemble du territoire, à l'instar de Gibert Joseph dont la boutique de Poitiers double son chiffre d'affaires, et des librairies religieuses La Procure.
Les librairies BD à la fête
L'engouement pour la bande dessinée continue par ailleurs de porter les librairies spécialisées. La palme revient à Momie Lyon, qui progresse de 77 %, bondissant de la 90e à la 50e place du classement, juste derrière Momie Grenoble. Chez Bulle en Stock, à Amiens, les effectifs ont doublé et le chiffre d'affaires a explosé (+ 69 %) grâce à l'agrandissement du magasin, passé en novembre 2020 de 135 m2 à 200 m2, ce qui lui permet de réserver quelque 60 m2 au manga. De belles envolées sont aussi à signaler en jeunesse chez Vivement Dimanche à Lyon (+ 45 % par rapport à 2020, + 35 % par rapport à 2019), et chez Crocolivre à Enghien-les-Bains, qui fait son entrée dans le classement (+ 67 % par rapport à 2020).
Mais la progression la plus forte de ce millésime revient à la librairie du Musée de l'Orangerie, à Paris (+ 194,9 %), qui remonte dans le classement après avoir dégringolé dans le dernier palmarès, sans pour autant renouer avec les chiffres de 2019. Signe d'un lent retour à la normale après une année 2020 grevée par les fermetures, des croissances significatives sont réalisées par d'autres librairies de musées, comme celle du château de Versailles (+ 50 %).
Pour d'autres librairies, l'activité est stable, voire en retrait par rapport à 2020 comme chez Torcatis à Perpignan. Après avoir pratiquement doublé, son chiffre d'affaires recule sur le dernier exercice (- 33 %), tout en restant largement supérieur à celui de 2019, année de sa reprise par Ombeline Genis, Stéphanie Pi et Elisa Iglesias. La preuve par l'exemple que la librairie indépendante sort dans l'ensemble grandie de ces deux années de crise. Un avant-goût, aussi, du prochain classement où les résultats pourraient s'inscrire en retrait après un cru 2021 hors du commun.
Méthodologie
Méthodologie
Tableau Les chaînes
Une remontada contrastée pour les groupes
Fortement ébranlées par la crise sanitaire, les chaînes ont remonté la pente en 2021, avec des chiffres d'affaires en hausse pour 18 des 20 recensées dans notre classement. Pour autant, deux ans et demi après le début de la pandémie, le bilan reste mitigé. En effet, seuls 11 groupes sont parvenus l'an dernier à hisser leurs ventes de livres au-dessus de leur niveau de 2019. C'est notamment le cas pour la Fnac et Leclerc qui restent sur les premières marches du podium avec un rythme de croissance similaire, mais aussi pour le groupe Nosoli (ex-Furet-Decitre) ainsi que pour Les Maisons de la presse, passées en deux ans de la 8e à la 4e place du palmarès, ou encore pour les librairies du groupe Madrigall. Se reflètent aussi les récents bouleversements du secteur. Séparé de ses magasins de la place Saint-Michel, qui ont baissé pavillon en mars 2021, Gibert Joseph croît de 32 % dans le classement 2022, mais son chiffre d'affaires reste amputé de 6 millions d'euros par rapport à 2019. À noter également, Actissia disparaît du classement au profit du groupe Trésor Financière du Patrimoine qui a repris France Loisirs en décembre 2021, sans que les effets puissent en être mesurés ici, les derniers chiffres n'ayant pas été communiqués.
Très affectés par la fermeture des musées en 2020 et début 2021, le Centre des monuments nationaux et Arteum arborent les gains de chiffre d'affaires les plus forts en regard du dernier classement (respectivement + 63 % et + 58 %). Mais un quart de leur chiffre d'affaires a disparu avec la crise. L'amputation se révèle encore plus lourde pour la RMN, qui opère lentement sa remontada, mais avec une activité inférieure de 11,5 millions d'euros à son niveau de 2019.
Tableau Classement Belgique
La Belgique, tout feu, tout Filigranes
En Belgique aussi, 2021 s'est révélée flamboyante ! Sur les 20 librairies référencées dans le deuxième classement Livres Hebdo des librairies belges francophones, sept affichent des progressions de plus de 20 %, dépassant leurs performances d'avant la pandémie.
Parmi elles, Filigranes demeure leader en dépit de la crise de gouvernance qu'elle a traversée, avec 12,7 millions d'euros de chiffre d'affaires, soit plus du double de la 2e du classement, la Librairie moderne de Charleroi. Depuis avril 2022, le mastodonte bruxellois est doté d'une nouvelle directrice générale, Véronique Croisé. Marc Filipson, fondateur et propriétaire de Filigranes, assure toujours la ligne éditoriale de l'entreprise.
Au sein du trio de tête, le bond le plus impressionnant revient à la librairie liégeoise Pax (+ 31 %). Elle ravit la 3e position à Tropismes Libraires, seule entreprise du classement à enregistrer un léger tassement (- 1,7 %). Mais c'est à la librairie Papyrus de Namur, référencée pour la première fois, que revient la palme de la croissance la plus folle (+ 42 %).
Tableau classement Suisse
Payot, leader incontesté en Suisse
Fermées six semaines début 2021, les librairies suisses francophones ont su maintenir voire amplifier leur croissance. C'est le cas en particulier des 14 succursales de l'enseigne Payot répertoriées dans notre classement. Trustant le Top 10, elles sont toutes stables ou en progression - à l'exception de celle d'Yverdon (- 0,4 %) - alors que 5 d'entre elles étaient en recul dans le dernier palmarès. Le vaisseau amiral de la chaîne à Lausanne reste numéro 1 avec un chiffre d'affaires qui approche les 19 millions d'euros, tandis que celle de Sierre, ouverte par le groupe de Pascal Vandenberghe en mars 2020, croît de 28 %, décrochant la plus forte hausse.
Mieux encore, les librairies Payot ont presque toutes dépassé leurs chiffres d'affaires pré-Covid, allant jusqu'à + 12 % pour Payot Sion et + 14 % pour Payot Morges, qui avait été rachetée en 2018.
À noter, la Librairie du Vieux-Comté de Bulle, La Librerit de Genève et la librairie Basta de Lausanne ne nous ont pas transmis leurs résultats pour 2021.