A l'issue de trois jours d'audience devant la 17^e chambre du tribunal correctionnel de Paris, le procureur de la République a requis, le 25 septembre une condamnation à l'encontre de Pierre Péan et de son éditeur Fayard, accusés de diffamation et d'incitation à la haine raciale dans un ouvrage publié en novembre 2005 et intitulé Noires fureurs, blancs menteurs.

Le livre était vite apparu comme partisan, visant à disculper le rôle contesté des autorités françaises dans l'enchaînement du drame qui avait abouti au génocide du Rwanda. Les massacres avaient fait 800 000 morts en 1994, essentiellement parmi la communauté tutsie.

SOS Racisme avait porté plainte près d'un an après la publication de l'ouvrage, en octobre 2006, en raison d'un passage de quatre pages affirmant que les Tutsis pratiquaient une culture du mensonge et de la dissimulation.

Au cours de l'audience, plusieurs Rwandais ont apporté leurs témoignages sur les atrocités commises pendant cette période, l'ouvrage de Pierre Péan a été comparé à Mein Kampf de Hitler, l'auteur a été accusé de négationisme et a fondu en larmes, deux anciens ministres (Bernard Debré et Hubert Védrine) ont témoigné en sa faveur : exceptionnellement long par rapport aux affaires habituelles traitées de la 17^e chambre, le procès a été traversé de fortes tensions.

Le procureur n'a pas précisé la nature de la condamnation requise, la laissant à l'appréciation du tribunal, en soulignant toutefois que le jugement devrait être publié. Il est mis en délibéré au 7 novembre.