Disparition

Le poète Jacques Réda s'est éteint

Jacques Réda - Photo Olivier Dion

Le poète Jacques Réda s'est éteint

Les éditions Gallimard ont annoncé la disparition de Jacques Réda, poète et ancien rédacteur en chef de la Nouvelle revue française, à l'âge de 95 ans.

Par Adèle Buijtenhuijs
avec AFP Créé le 30.09.2024 à 16h25

Le poète Jacques Réda est mort le 30 septembre, ont annoncé les éditions Gallimard dans un communiqué, accompagné d'un hommage à l'homme de lettres. « Par ses œuvres comme par l'attention qu'il ne cessa de porter aux autres écrivains de son temps, (il) témoigna de son attachement à une littérature de création qui sache tenir toutes ses promesses d'expression et de vérité humaine, sans jamais se défaire du lien avec le lecteur, la nature et le monde comme il va ».

Un passionné de jazz

Jacques Réda est né le 24 janvier 1929, à Lunéville en Lorraine, dans l’Est de la France. Son grand-père, originaire du piémont est fabricant de vélo jusqu’à la Première Guerre mondiale. C’est dans cette ville de garnison que l’auteur découvre la musique à travers les fanfares puis le plain-chant, entendu dans le collège jésuite d’Evreux où il fait ses études pendant la guerre. En 1944, il entend du jazz, duquel il s’éprend, seule musique « faite », selon lui,« pour son cœur et ses nerfs ». Jacques Réda continuera d’entretenir son amour pour la musique tout au long de sa vie, confiant au journal Le Monde en 2017, une « toxicomanie musicale » et une « passion pour le battement »

En 1953, il s’installe à Paris où il exerce différents métiers administratifs avant d’embrasser l’écriture. En 1963, il devient un chroniqueur régulier du mensuel Jazz Magazine. Quelques années plus tard, à partir de 1968, ses travaux nourris de ses passions pour le jazz, la science ou la toponymie urbaine, sont publiés chez Gallimard. Il rejoint la maison en 1975 en tant qu’éditeur, intègre le comité de lecture à partir de 1983 puis, est choisi en 1987 comme rédacteur en chef de la Nouvelle revue française, fondée par Gide en 1909, poste qu’il occupera jusqu’en 1995. Jacques Réda estime avoir fait entrer davantage d'auteurs provinciaux et de poètes dans les colonnes de la revue. 

Des poèmes bucoliques

Écrivain flâneur, il conte la beauté de Paris, de la banlieue et des chemins de traverse notamment dans Les ruines de Paris (Gallimard) et décrit ses promenades dans la capitale ou sa prédilection pour les quartiers oubliés, les terrains vagues, les gares et les petites villes de province dans Recommandations aux promeneurs (Gallimard). Outre cela, Jacques Réda laisse derrière lui, une collection d'œuvres abondantes, dont certaines lui ont valu de prestigieuses distinctions comme le Grand prix de la poésie de l’Académie Française en 1997 ou le prix Goncourt de la poésie avec La Course (Gallimard) en 1999. 

Un poète à la fois tendre et rude, qui répond à l’angoisse du caractère éphémère de la vie dans la langue d’hier, renouant ainsi avec la tradition du rythme et de la rime, un temps délaissé par la poésie française. Mais l’érudition et les capacités intellectuelles du personnage ne l'ont pas empêché de créer des œuvres accessibles à tous. La flamme de l’écriture n’a d'ailleurs jamais quitté l’auteur, qui à 94 ans, publiait encore des recueils de poésie tels que Leçons de l'arbre et du vent (Gallimard).

En 2023, Jacques Réda s'était confié à Livres Hebdo dans une longue interview : il y racontait notamment son admiration pour Paul-Jean Toulet. « Un poète "mineur", ça ne me gêne pas », s'était amusé le doyen des poètes français, auteur cette année-là de trois nouveaux livres.

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