27 mars > récit France

Après dix-sept heures de vol et une escale de nuit dans "un pays arabe délirant", le héros occidental d’Alexandre Bergamini atterrit enfin en Inde. Et découvre l’odeur des lieux telle que la décrivaient Pier Paolo Pasolini et Alberto Moravia. Une atmosphère apocalyptique et malsaine lui donne l’impression d’être "jeté dans la matrice d’un chaudron brûlant". Un taxi l’amène à la gare d’où il doit poursuivre son périple, sac à l’épaule, alors que la foule bouillonnante l’oppresse.

Direction Mumbay, entre les nombreux garçons qui veulent engager la conversation et un lépreux qui se faufile. "Tu viens d’arriver et tu n’es pas encore arrivé. L’Inde est difficile. Après quelques jours, tu t’y sentiras chez toi", le prévient Sally. Une femme indienne à l’allure d’un "pirate tzigane" qui se prétend un ange dans le chaos. Le chaos, notre homme connaît. Lui qui est hanté par la mort de son jeune frère vient ici "confirmer un rêve" et ne pense déjà qu’à repartir.

"Je fuis les bruyants, les bavards, les touristes et les voyageurs malins qui cherchent un contact de compatriote complice", explique-t-il à mesure qu’il prend la mesure d’un pays auquel il ne peut rien apporter, avec lequel il se sent "si mal, si honteux". Une Inde aride où il se laisse glisser, dériver, où il trouve refuge dans un temple…

Déjà notamment auteur de Cargo mélancolie (Zulma, 2008) et de Sang damné (Seuil, 2011), Alexandre Bergamini emmène avec Nue India le lecteur dans un voyage étrange et fiévreux. Sur les traces d’un vagabond qui a besoin de reprendre pied, d’abandonner enfin ses démons et de se ressourcer. Al. F.

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