Les romans d’A. M. Homes racontent souvent des existences bouleversées. Le dernier en date, Puissions-nous être pardonnés, est son plus déjanté à ce jour. Harry Silver est né onze mois avant son frère George. Le premier est le narrateur de cette histoire. Professeur, il enseigne la politique à des étudiants en licence. Sa grande obsession est Richard Nixon, sur lequel il essaye d’écrire un livre. Un Nixon qu’il connaît jusqu’aux moindres détails, de son amour du bowling à celui des bonbons Skittles.
George, lui, dirige une chaîne de télévision. Il ne supporte pas d’être seul, et même aux toilettes, n’a jamais laissé les gens indifférents. Bien que marié à Claire, une Sino-Américaine absorbée par son travail, Harry en pince pour l’épouse de George, Jane, avec laquelle il finit par entamer une liaison. Tout se met à déraper quand George a un accident de voiture, atterrit au commissariat puis dans le service psychiatrique d’un hôpital. Lorsqu’il s’en évade et trouve dans son lit Harry et Jane, il ne trouve pas mieux que de fracasser une lampe sur la tête de madame.
Le lecteur a tout intérêt à accrocher sa ceinture et à se préparer aux secousses. Rien ici ne va se dérouler normalement. Surtout pour ce pauvre Harry qui va devoir encaisser les coups et faire face à des situations pour le moins inattendues, lui qui pourtant prétend être juste un "vrai pékin moyen". L’auteure de Ce livre va vous sauver la vie (Actes Sud, 2008, repris chez Babel) joue à une touche de balle. On se demande comment elle va pouvoir tenir le rythme tant elle fait mener à son héros un quotidien toujours un peu plus fou. La romancière ne manque ni de punch ni d’ironie. Son opéra détonant est à ne pas manquer. Al. F.