Paris
« Paris et la littérature », lance Gilles Schlesser d'emblée, « ce sont mes deux pieds. Mon Paris à moi, c'est celui de Truffaut, Godard, Rivette, Doisneau, Modiano, pas celui des touristes et des fast-foods. La ville a changé, c'était vraiment beaucoup mieux avant. » Ce qui explique qu'il ait quitté il y a cinq ans ce Paris qui lui a inspiré une série de polars littéraires (chez Parigramme) avec en vedette le journaliste Oxymore, et une kyrielle de livres encyclopédiques, balades sur les traces des écrivains qui ont fait Paris.
Famille
Gilles Schlesser est le fils d'un certain André Schlesser, au destin hors du commun. « Mon père s'appelait en vrai Di Mascio, c'était un pur gitan italien, venu en roulotte. Il avait été adopté, est devenu couvreur. Il a zoné dans Paris, s'est fait repérer dans la rue par Jean Anouilh. Ensuite, il a fait du cinéma, du théâtre (au TNP, avec Jean Vilar). Il a aussi monté le cabaret L'Écluse, où il a lancé Barbara, avec qui il a eu une idylle » - Barbara, dont Gilles Schlesser avoue à demi-mot avoir été l'amant lui aussi : « Le bel âge, c'est la chanson qu'elle a écrite sur moi », dit-il. André Schlesser est mort en 1974, non sans avoir épousé Maria Casarès -« ma belle-mère, dit Gilles Schlesser, qui faisait très bien les confitures ». Il a lui-même deux fils, Cyril, l'aîné, qui travaille dans la banque, et Thomas, auteur à succès des Yeux de Mona, qui a préfacé Les flâneries littéraires de Paris de son papa. La boucle est bouclée.
Préface
Jean Le Gall, le patron des éditions Séguier et du Cherche Midi, et donc l'éditeur de Gilles Schlesser depuis quelques livres, a eu l'idée de demander une préface à Thomas sur le livre de Gilles. Lequel, touché, bougonne quand même un tantinet. « Je l'ai relue, j'ai corrigé un petit peu. Et, à propos de mon opinion sur Baudelaire, que je n'aimerais soi-disant pas, Thomas exagère un brin. »
Fargue
« Dans l'imaginaire collectif, explique Gilles Schlesser, Léon-Paul Fargue c'est Le piéton de Paris. Mais c'est aussi un type mal connu, farfelu. Qui sait qu'il a été l'amant d'Alfred Jarry, qu'il aimait prendre le taxi sans payer, etc. » Mais Paris a inspiré tellement d'écrivains. Ses favoris sont Queneau et Modiano, « les deux qui ont le mieux écrit sur Paris », Roger Caillois ou encore Henri Calet : « J'aime son extrême humilité, sa façon de parcourir Paris comme s'il voyait toujours l'envers du décor, misérable. »
Scoumoune
Gilles Schlesser a tellement de choses à raconter, on lui conseille d'écrire ses mémoires. Il explique que son premier roman, La natchave (« la fuite », en argot gitan), paru chez Denoël en 1970, « un polar à la manière de José Giovanni », aurait dû être adapté à l'écran par Melville mais celui-ci est mort avant de pouvoir le faire. Quant à son deuxième livre et premier « vrai » roman, Trois bulles d'éternité (1991, Presses de la Renaissance), il a failli avoir le Prix du premier roman, avant de se voir disqualifié !
Les flâneries littéraires de Paris
Séguier
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 28,50 € ; 648 p.
ISBN: 9782386360084
