51 lettres et 4 cartes postales écrites par J.D. Salinger à un ami anglais entre 1986 et 2002 et dévoilées par une université britannique aujourd'hui, dessinent l'image d'un homme chaleureux, amical et plein d'humour, très différente de l'ours souvent décrit.
L'auteur de
L'Attrape-coeurs (The Catcher in The Rye), décédé il y a un an, a écrit pendant des années à un ami de jeunesse, Donald Hartog, un Londonien avec qui il étudiait l'allemand à Vienne en 1937, alors qu'ils avaient 18 ans.
L'Université d'East Anglia (Norwich) met à disposition cette correspondance dans son département des archives. Pour tout public extérieur, il est nécessaire de faire une demande préalable et de demander un rencez vous.
Après des années de silence, en 1986, Donald Hartog écrit à son ancien ami, et s'ensuit alors une correspondance plus ou moins régulière jusqu'en 2002, et des visites de part et d'autre.
Loin de l'image d'homme reclus souvent véhiculée par les médias - qu'il haïssait -, Salinger sortait régulièrement pour voyager, aux Etats-Unis et à l'étranger. Il avoue aussi son dégoût des éditeurs, même si cela ne l'empêchait pas d'écrire. Ainsi, dans un courrier, Salinger explique qu'il travaille sur l'extension d'un nouvelle publiée dans
The New Yorker en 1965, afin d'en faire un roman.
Il visite le Grand Canyon, les chutes du Niagara, et rend visite à Londres à son ami pour son 70e anniversaire, en avril 1989, où il espère voir une pièce de Tchekhov.
Il se montre alors "
absolument charmant", selon Frances Hartog. La fille de Donald Hartog, qui a hérité des lettres, cartes postales et photographies à la mort de son père en 2007, vient d'en faire don à l'Université britannique d'East Anglia.
Selon la correspondance, Salinger était amateur de tennis et pariait sur le vainqueur de Wimbledon, aimait écouter les grands ténors - surtout José Carreras - et jugeait supérieurs les hamburgers de Burger King.
Il qualifie dans ses lettres de "
stupides" Reagan et Bush, et se montre méfiant vis-à-vis de Thatcher.
Il recommande aussi des lectures aux enfants Hartog, joint des coupures de journaux à ses lettres.
Bref, "
un autre Salinger, un Salinger ordinaire, et non l'homme reclus, en colère que l'on croyait", commente Christopher Bigsby, professeur à l'Université d'East Anglia, dans le communiqué publié par la faculté.
"
Aujourd'hui, nous attendons de nos écrivains qu'ils soient des hommes publics. Cela ne l'intéressait pas. Il se méfait des médias et haïssait l'idée d'une biographie", reconnaît dans un commentaire au
Daily Telegraph ce spécialiste de littérature américaine.
Mais ce n'était pas un "
ermite fou, en tout cas tel qu'il se révèle dans ces lettres".
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Le fonds Salinger - Hartog à l'Université of East Anglia