Le docteur Sacks avait révélé dans une tribune intitulée "My Own Life" qu’il était en phase terminale de sa maladie en février dernier. Grâce à ses ouvrages, le neurologue avait connu une notoriété rare pour un médecin. Il recevait plus de 10000 courriers par an. Il y a neuf ans, il avait été soigné pour un mélanome qui lui avait fait perdre l’usage d’un oeil.
L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau (et autres récits cliniques) avait été publié au Seuil en 1988, trois ans après sa parution aux Etats-Unis. Points a édité une version poche l’an dernier. Cette étude du monde intérieur de patients souffrant d'affections bizarres, tel un musicien qui prend la tête de sa femme pour un chapeau, un marin ayant perdu la notion du temps vit prisonnier d'un instant perpétuel ou un homme qui croit être un chien renifle l'odeur du monde. Le neurologue y décrit la façon dont ils s'adaptent à leur mal et les tentatives du médecin pour comprendre et améliorer la situation.
Né à Londres le 9 juillet 1933, il a fait toute sa carrière aux Etats-Unis tout en restant citoyen britannique. Cinq ans après ses débuts comme médecin, il s’est lancé dans l’écriture : Migraine (1970) mais c'est avec L’Eveil (1973), où il évoquait les cas de patients qui souffraient d’« encéphalite léthargique » et qui sera adapté au cinéma en 1990 avec Robin Williams et Robert de Niro, qu'il connaît son premier succès en librairie.
Le médecin publie ensuite Sur une jambe (1984), dans lequel il relate son expérience personnelle après la perte de contrôle d'une de ses jambes à la suite d'un accident, Des yeux pour entendre : voyage au pays des sourds (1989), Un anthropologue sur Mars (1995), L’île en noir et blanc (1997), Oncle Tungstène (2001), Oaxaca Journal (2002), Musiciophilia (2008), L’œil de l’esprit (2010), L’odeur du si bémol : l’univers des hallucinations (2012). Tous ses livres ont été édités en France au Seuil et en format poche par Points. Son œuvre a été traduite en plus de 25 langues.
Oliver Sacks parlait de ses patients comme des combats et des cadeaux parfois étrange, tout en humanisant chaque cas. Il a vulgarisé auprès du grand public des syndromes comme ceux d’Asperger, de Parkinson, de Charles Bonnet ou de Gilles de la Tourette. Il se voyait comme un naturaliste et un explorateur, s’aventurant dans tous les domaines – surdité, amnésie, vieillissement, gémellité, etc…
Sacks était aussi un chroniqueur régulier au New Yorker et au New York Review of Books. Certains ont critiqué cette double casquette de médecin et d’écrivain, l’accusant de se servir de ses patients pour rédiger des best-sellers.