6 janvier > Roman Etats-Unis

On le sait : l’électricité se déplace potentiellement à la même vitesse que la lumière. Rien d’étonnant donc à ce que la narration des Anges radieux soit fulgurante et qu’elle défie toute linéarité. C’est à une histoire presque véritable de la découverte de l’électricité que l’auteur de Central Europe nous convie. Le XXe siècle américain qui y sert de cadre est familier (on y trouvera des jeux d’enfants, des parkings et des junkies), mais il est bel est bien mythique. Explorant aussi bien le registre fantastique, avec des insectes prêts à conquérir le monde, que celui de la science-fiction la plus débridée - car les mystérieux globes bleus, éminences secrètes de la force électrique, veillent en divinités tutélaires -, William T. Vollmann tend vers le merveilleux. Pourtant, cette histoire n’est rien moins qu’invraisemblable. Cette conquête réinventée du courant électrique concentre en elle tous les ingrédients du mythe de la conquête de l’Ouest : un aventurier ambitieux et cruel, une armada de jeunes hommes prêts à tout, des insurgés qui organisent la résistance. Qui dit western dit guérilla, et qui dit puissance dit armes. C’est bientôt comme si la modernité technologique n’avait fait qu’un avec la guerre froide.

Voilà pour la théorie physique ; en tant que tel, le roman de Vollmann se présente comme une foisonnante et improbable Iliade, où le lecteur devra s’armer de patience face aux dizaines de digressions et au précieux "Bottin mondain des personnalités interviewées pour ce livre" qui ouvre le roman. Audacieux dans ses jeux de narration autant que dans ses références, volontiers comique et toujours enlevé, Les anges radieux ressemble au monde qu’il invente, où la nature est aussi imprévisible que les êtres, et où l’exploration n’a pas de fin. Fanny Taillandier

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