Affinité élective. Créer une saga romanesque passionnante, une trilogie, autour des tribulations d'une jeune femme dans le milieu du notariat, ce n'était pas gagné d'avance. Pourtant, c'est haut la main que Cécile Guidot, elle-même ancienne notaire réinventée à cette occasion en romancière, a relevé le défi. Avec Les actes, Les volontés et Les vanités (Lattès, 2019, 2020 et 2021), elle a su dénicher des ressorts romanesques que le profane imaginait absents de ce milieu. Les lecteurs ont suivi avec un enthousiasme qui ne s'est pas démenti de livre en livre. Toutefois, une question restait en suspens : et après ? Cécile Guidot saurait-elle, après ces promenades inspirées mais en terrain connu, affirmer sa personnalité d'écrivaine ?
La réponse nous arrive en ce printemps et elle est sans conteste absolument positive. Elle prend la forme d'un roman de formation (et de déformation...), une sorte d'éducation sentimentale, et s'intitule La fascination. Soit donc, l'histoire de Claire. Issue d'un milieu plutôt modeste − père agriculteur, mère coiffeuse −, elle a 14 ans, est scolarisée en classe de 4e dans un collège de Nuits en Bourgogne. Elle est assez brillante et pourtant volontiers sombre ainsi qu'il convient à cet âge de tous les passages et semble préférer la lecture, la solitude aussi, aux sollicitations qui commencent à se faire pressantes des garçons. Elle a moins d'amies que de rêves qui tous tendent plus ou moins vers le même objectif : partir, un jour. Tout aurait pu continuer à aller ainsi dans le plus morose des mondes, si elle n'avait rencontré Marie Pasolini, de dix ans son aînée, sa nouvelle prof d'histoire-géo. Claire va développer pour cette jeune femme une fascination aux contours aussi flous que le sont toujours les passions adolescentes. Portée par les cimes et les gouffres de cet emballement, Claire compose comme elle peut avec sa solitude profonde. Elle écrit dans son journal intime : « je suis sidérée par la force de vie des gens, même des petits comme nous, dans leurs petites vies dans leurs petites villes. La honte retient si souvent mes gestes. »
Claire Guidot, dont on devine par ailleurs qu'elle a dû bien connaître cette jeune fille, elle, ne se retient pas. Ou plus. Son roman la ramène résolument du côté de la littérature, de la vie. Sauvée.
La fascination
JC Lattès
Tirage: 2 600 ex.
Prix: 20,90 € ; 203 p.
ISBN: 9782709672047