Les éditeurs sont de plus en plus nombreux à proposer leurs ouvrages en bundle, c’est-à-dire avec une version numérique incluse dans le livre papier. Mais ils peinent encore à identifier dans quelles circonstances une telle offre est considérée par les étudiants comme apportant une réelle plus-value. Ainsi, précurseur sur le bundle, Nathan a abandonné la terminologie "Livre nomade" et opte désormais pour un nouveau logo sur les couvertures de ses ouvrages qui indique simplement "Offert livre en ligne". "Nous passons d’un livre nommé à un livre désigné car nous nous sommes rendu compte que le concept de "Livre nomade" n’était pas toujours compris", décrypte Xavier Le Meut, directeur du département technique supérieur formation adulte chez Nathan. Il ajoute : "Le taux d’activation s’élève à 14 % en moyenne, mais quelques titres atteignent 50 %. On essaie de comprendre pourquoi certains livres suscitent un tel engouement dans leur version numérique et pas les autres, nous sommes toujours dans une phase d’apprentissage."
Des stratégies composites
La méthode empirique est également de rigueur chez Dunod qui a décidé, pour le moment, de ne pas systématiser l’offre bundle sur ses "Livres en or". Si le Mercator paru l’an dernier comprenait bien une version numérique incluse, ce n’est pas le cas cette année pour le Manageor et le Communicator. Malgré un taux d’activation moyen "plutôt satisfaisant", l’arrêt - provisoire - du couplage papier-numérique est justifié pour diverses raisons par Dunod : "La principale est que les lecteurs ne sont pas toujours satisfaits de la version numérique, explique Florence Martin, directrice de la communication. Ils trouvent que c’est compliqué à télécharger, de plus l’accessibilité reste un souci, surtout en fac. Enfin, cela coûte cher d’insérer un code à gratter dans le livre. "
Chez De Boeck, le directeur éditorial Frédéric Jongen dresse pour sa part un bilan "satisfaisant" de l’offre bundle "Noto" lancée l’an dernier, même si "le Noto a encore une valeur d’outil marketing, promotionnel, convient Frédéric Jongen. On ne sent pas une véritable demande des étudiants, ils achètent l’ouvrage pour sa version papier avant tout. Le code à gratter ouvrant droit à la version numérique est davantage perçu comme un bonus." Environ 175 titres du catalogue De Boeck comprennent une version Noto, la plupart du temps homothétique, mais seuls 10 % proposent des versions numériques enrichies.
Pour Florence Young, directrice marketing chez Pearson, c’est précisément quand un ouvrage propose des services numériques complémentaires qu’il prend tout son sens. Même si cela dépasse alors le cadre du simple bundle pour se traduire par l’accès à un site compagnon. L’éditeur a ouvert depuis mai 2013 la version en langue française de sa plateforme MyLab, laquelle concerne désormais une quinzaine d’ouvrages (contre plusieurs dizaines en langue anglaise). MyLab contient une classe virtuelle en ligne qui permet aux étudiants de communiquer avec leur enseignant, des quiz d’autoévaluation, des outils d’apprentissage et de révision ou encore des cas vidéo. "Le taux d’activation est très élevé quand l’ouvrage est utilisé en cours, en particulier quand l’enseignant met en place une classe inversée, explique Florence Young. Les étudiants doivent lire le livre et utiliser les compléments pédagogiques du MyLab avant de se rendre en cours. "
Ressources additionnelles
L’offre MyLab, qui concerne surtout des ouvrages prescrits dans les écoles de management et de commerce, ouvre droit à une licence de durée variable. Pour Marketing management de Philip Kotler, "bible dans son domaine" et dont la 15e édition est parue le 4 septembre, la partie MyLab est par exemple accessible pendant trois ans. "Cela correspond à la période d’utilisation pendant les études, décrypte Florence Young. En général, on ne descend pas en dessous de deux ans. " De la même façon chez De Boeck, des sites compagnons peuvent être préférés à la seule version bundle. "Nous publions beaucoup de traductions et, quelquefois, l’éditeur d’origine préfère conserver le site Web associé plutôt que de passer dans le système Noto", indique Frédéric Jongen. Il faut dire que les sites compagnons constituent un argument de vente autrement plus visible pour les étudiants, mais aussi leurs enseignants.
Avec la nouvelle édition du Ramses, Dunod y vient à son tour : "Nous proposons des vidéos téléchargeables via un QR code présent en quatrième de couverture, c’est une première pour ce livre, explique Florence Martin. On constate que les gens se connectent beaucoup aux vidéos proposées avant l’achat car ils voient le QR code dans la librairie. C’est un livre qui devient hybride." Chez Pearson, Florence Young conclut : "Nous préférons investir davantage de ressources sur un même ouvrage en proposant non seulement des ressources complémentaires mais aussi de vrais outils d’e-learning. Les investissements sont plus importants, mais ils permettent d’obtenir de meilleurs résultats. Nos consultants dans les écoles se démènent, la prescription atteint un bon niveau et les MyLab sont bien utilisés. L’an dernier, c’était moins dynamique."