Ouverte en début d’année avec les trois tomes du cycle de Gormenghast de Mervyn Peake, « chef d’œuvre injustement méconnu de la fantasy britannique du XXe siècle », la collection « Chimères » des éditions Christian Bourgois bénéficie déjà d’une certaine notoriété auprès des libraires et lecteurs.
Mais c’est à partir de la rentrée qu’elle prendra son rythme de croisière avec la parution de La Doloriade, premier roman de l’anglaise Missouri Williams (traduit par Aurélien Blanchard). Tiré à 10 000 exemplaires et à paraître en septembre, l’ouvrage interroge et parodie les romans apocalyptiques, dystopies et autres récits de survie. Il sera suivi en octobre de L’enfance du monde. La science-fiction capitaliste, roman doublé d’un essai de l’argentin Michel Nieva (traduit par Sébastien Rutès).
Une ligne contemporaine, internationale et exigeante
« Ces deux titres sont parfaitement représentatifs de la ligne contemporaine, internationale et exigeante que nous voulons défendre avec "Chimères" », décrypte Martin Vagneur, qui dirige la collection. En compagnie de Jean Mattern, directeur éditorial de Christian Bourgois, le jeune éditeur a présenté « Chimères » ce mardi 11 juin devant une trentaine de libraires franciliens réunis pour l’occasion dans un café parisien et venus juger sur pièce du positionnement de cette nouvelle offre dans le vaste territoire des littératures de l’imaginaire.
Martin Vagneur et Jean Mattern présentant la collection "Chimères" devant des libraires franciliens- Photo CHARLES KNAPPEKPour télécharger ce document, vous devez d'abord acheter l'article correspondant.
Celui-ci sera résolument atypique. À l’opposé des énormes cycles de SF ou de fantasy populaire, « Chimères » se concentrera « sur des projets atypiques, un peu niche, à la marge, avant-gardistes, avec une vraie place accordée au réalisme magique, à l’étrange, au surréalisme et à l’absurde. »
Ce qui n’empêche pas Christian Bourgois de continuer en parallèle d’exploiter le fonds Tolkien, dont il est l’éditeur historique en grand format. En octobre 2023, la maison publiait encore une édition collector et intégrale du Seigneur des anneaux agrémentée d’une quarantaine de cartes, croquis et illustrations à la main de Tolkien. Tiré à 30 000 exemplaires et vendu 89 euros, l’ouvrage affiche aujourd’hui 26 000 ventes, selon Élodie Pajot, la directrice commerciale.
« Jeter un pont en direction des lecteurs de Tolkien »
Et si Christian Bourgois a choisi d’inaugurer « Chimères » avec une œuvre du patrimoine – le cycle de Gormenghast –, la décision fût prise pour assurer « en douceur » la transition des lecteurs vers un catalogue imaginaire élargi alors qu’il était jusqu’à présent limité aux seules œuvres de Tolkien. « J’avais besoin de jeter un pont en direction des lecteurs de Tolkien, confirme Martin Vagneur. Ce sont les plus susceptibles de faire la bascule vers "Chimères" même si le cycle de Gormenghast n’est pas représentatif de ce que nous publierons dans "Chimères". »
Parmi les libraires invités, Mélanie Mora de la librairie généraliste Le livre écarlate (Paris, XIVe) considère d’un bon œil l’arrivée de cette nouvelle offre éditoriale, qu’elle prévoit d’implanter dans son rayon imaginaire plutôt qu’en littérature générale. « Nous avons une clientèle à l’identité très littéraire qui ne se tourne pas naturellement vers l’imaginaire. Mais comme Christian Bourgois a lui aussi une image littéraire, la passerelle est évidente. Nous pourrons orienter une partie des lecteurs vers leurs parutions », estime-t-elle.
À raison de cinq à six titres par an, « Chimères » ambitionne d’intégrer à moyen terme des auteurs francophones. Chaque fin d’année, la collection proposera également un titre du patrimoine, « si possible inédit en français. »
« Satellites », la collection poche de Christian Bourgois et Globe déjà en orbite
Collection poche de Christian Bourgois et de sa filiale Globe, « Satellites » a été lancée le 7 mars dernier en remplacement de la collection « Titres » avec une première salve de cinq livres comprenant des auteurs prestigieux comme Maurice Pons ou le prix Nobel de littérature 2023 Jon Fosse. Désormais riche d’une quinzaine de références avec des ouvrages de Kate Atkinson, Jim Morrison ou encore Fernando Pessoa, elle devrait atteindre les 25 parutions d’ici la fin de l’année, quasi exclusivement issues des catalogues de Christian Bourgois et de Globe. « "Satellites" est une collection qui associe le patrimoine et le fonds très récent, souligne Élodie Pajot, directrice commerciale. Par exemple à la rentrée nous y publierons La vie nouvelle de Tom Crewe (Bourgois) et Le livre de Daniel de Chris de Stoop (Globe), deux livres qui ont paru en grand format en 2023. » Avec des tirages moyens de 5 000 exemplaires, « Satellites » offre un relais de croissance appréciable à Christian Bourgois. Elle représente déjà près de 20 % du chiffre d’affaires du groupe, selon Élodie Pajot.
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