La quête de bonheur est lucrative. Selon des données du cabinet de conseil en stratégie McKinsey, le marché mondial du bien-être était estimé à 1 500 milliards de dollars en 2021. Le marché français des livres de développement personnel représentait l'année dernière 60 millions d'euros, bien que le chiffre d'affaires soit en baisse, selon GFK.
Évolution historique et sociale
Mais « ces chiffres ne disent rien de ce qu'est concrètement le développement personnel et font mine d'ignorer qu'il n'en existe aucune définition "officielle" », pointe cependant Damien Karbovnik dans Le développement personnel : nouvel opium du peuple ? (Équateurs, 24 septembre). Dans cet instructif essai, l'auteur remonte aux premières traces de son émergence, qu'il fait remonter aux années 1950-1960 aux États-Unis avec l'essor du « mouvement du potentiel humain », et retrace son évolution historique et sociale.
Devenu « omniprésent, protéiforme et transdisciplinaire », le développement personnel a profondément infusé nos sociétés et se croise avec la santé holistique ou encore la quête de spiritualité. Surtout, à force de références documentées, Damien Karbovnik souligne les raisons qui sous-tendent son essor. « Le développement personnel ne serait que le récit forgé par notre société pour se (re)donner du sens à elle-même et rendre supportables ses dysfonctionnements », résume-t-il. Avec pédagogie et sans prendre position, l'auteur donne ainsi du sens à une quête de réalisation de soi dont les contours restent à la fois flous et poreux.