Alexandre Grothendieck (1928-2014) est l'un des grands mathématiciens français du XXe siècle. On lui doit des avancées considérables dans des domaines qui échappent au grand public, comme la géométrie algébrique, mais qui ont fait sa renommée internationale. En 1958, on a même créé pour des savants comme lui l'Institut des hautes études scientifiques, sur le modèle de l'Institute for Advanced Study de Princeton qui accueillit Einstein.
Alors que Gallimard reprend en deux volumes dans la collection « Tel » Récoltes et semailles, objet autobiographique déroutant, les éditions du Sandre proposent deux textes plus courts, parfaitement accessibles, qui constituent une bonne entrée dans le monde de Grothendieck. Ce bâtisseur de nouveaux espaces théoriques y parle de son métier et de la raison des maths dans notre société. Il y a aussi chez lui - nous sommes en 1972 - la prescience d'un bouleversement de civilisation.
« La crise écologique, la crise de civilisation, ce n'est pas quelque chose pour dans dix ans ou dans vingt ans : nous sommes en plein dedans. » On lira aussi avec intérêt la discussion qui suit la conférence et dans laquelle Grothendieck explicite sa peur de la destruction de l'humanité. Après un passage hippie, le savant finira par se retirer en Ariège, tel un ermite, ne voulant plus de contact avec ce monde qui n'était plus le sien. Il reste quelques éclairs de génie, une inquiétude toujours actuelle et une critique de la science quand elle fait fi de la morale.
Allons-nous continuer la recherche scientifique ?
Éditions du Sandre
Tirage: 2 000 ex.
Prix: 9 € ; 104 p.
ISBN: 9782358211468