Proclamation

Bernard Bourrit et Hélène Laurain, lauréats du prix Wepler-Fondation La Poste 2025

Bernard Bourrit (lauréat du prix Wepler-Fondation La Poste 2025) et Hélène Laurain (mention spéciale du jury) - Photo NSCH - Alexander Abdelilah

Bernard Bourrit et Hélène Laurain, lauréats du prix Wepler-Fondation La Poste 2025

Bernard Bourrit est récompensé pour Détruire tout aux éditions Inculte / Actes Sud. La mention spéciale du jury a été attribuée à Hélène Laurain pour Tambora, paru chez Verdier.

Par Charles Knappek
Créé le 10.11.2025 à 08h35

Ce lundi 10 novembre, Bernard Bourrit a été couronné du prix Wepler-Fondation La Poste 2025 pour Détruire tout, aux éditions Inculte / Actes Sud. Hélène Laurain a de son côté reçu une mention spéciale du jury pour Tambora, aux éditions Verdier. Les deux lauréats succèdent à Thomas Clerc et Célestin de Meeûs, récompensés en 2024.

Depuis 28 ans, le prix Wepler-Fondation La Poste soutient dans la diversité éditoriale 12 écrivains sélectionnés afin qu’ils existent sur la scène littéraire automnale.

Lire aussi : Douze titres en lice pour le prix Wepler- Fondation La Poste 2025

Le jury tournant, constitué de libraires, de critiques littéraires et de lecteurs dont une salariée du groupe La Poste et une détenue, en couronne deux tout particulièrement et met à leur disposition des moyens conséquents qui favorisent la poursuite de leur aventure littéraire.

La Fondation La Poste dote ce prix d’une somme de 10 000 euros qui récompense une prise de risque romanesque et un style exigeant. Elle dote aussi un autre auteur d’une somme de 3 000 euros à travers une mention spéciale du jury accordée à un ovni littéraire prodigieusement inclassable

Détruire tout, « immersion totale »

Bernard Bourrit est l’auteur de textes brefs sur l’art brut, les portraits funéraires, les reliques, les doubles dévorants, le scepticisme, l’anarchisme, la photographie documentaire, les arbres. Longtemps mal à l’aise dans son genre, son écriture est comme entrée dans un laboratoire où elle aurait muté.

Publié dans diverses revues – Critique, La Part de l’Œil…–, il est l’auteur de plusieurs essais – Fautrier ou le désengagement de l’art (L’Épure, 2006), Montaigne. Pensées frivoles et vaines écorces (Le Temps qu’il fait, 2018).

Détruire tout, son premier récit, est l’histoire d’un féminicide en Suisse dans les années 1960. L’histoire d’un dénommé Alain qui tue sa petite amie, Carmen. Mais Détruire tout n’est pas le simple récit de ce drame : c’est avant tout une immersion totale dans « l’air du temps », un air qu’il nous faut respirer molécule après molécule si nous voulons comprendre comment on en est arrivé là.

Dans Tambora, des filles « amples comme des villes en expansion »

Née à Metz en 1988, Hélène Laurain a étudié les sciences politiques ainsi que l’arabe en France et en Allemagne, puis la création littéraire à Paris-VIII. Elle vit dans le Grand Est avec sa famille et y travaille en tant que traductrice de l’allemand.

Elle anime actuellement un groupe de lecture au Fonds régional d’art contemporain de Lorraine autour du thème de l’émancipation. Elle s’intéresse notamment à ce qui a trait au vivant, au féminisme, à la maternité, et s’attache à trouver des formes qui disent le contemporain.

Dans Tambora, une mère nous parle de ses deux filles, qu’elle voit amples comme des villes en expansion. La première est déjà là quand le récit commence, la seconde naîtra bientôt, après la perte d’un autre enfant lors d’une fausse couche.

Mais d’autres réalités existent aussi, se faufilent et tentent de prendre leur place : un manuscrit qui intéresse un éditeur, des confinements, qui ne changent pas grand-chose lorsqu’on doit rester alitée, la catastrophe environnementale qui se déploie, gigantesque... Hélène Laurain écrit avec cela, et écrit tout cela, avec crudité parfois.

Cette année, le jury du prix était composé de Philippe Ginesy, Olivia Goudard, Simon Payen, Marie Sorbier, Thomas Stélandre, Elisabeth Sanchez, Marie-Rose Guarniéri ainsi que de cinq lecteurs et lectrices : Léna Despujols, Pierre-Antoine Gillouin, Pierre Lungheretti, Charlotte de Roussane et Sophie, lectrice détenue au centre pénitentiaire de Rennes.

Les dernières
actualités