"J'ai voulu être au plus proche de la réalité"
"J'avais une grande peur de trahir la réalité, de mal interpréter, j'ai voulu être au plus proche", s'est justifiée Agnès Naudin. "Quand j'écris, j'ai l'impression de faire quelque chose d'utile, qui servira aux autres. Je ne voyais pas d'éléments, dans ces détails, qui pourraient porter préjudice à l'enquête."
Le parquet lui a alors rétorqué que la violation du secret professionnel ne dépend pas de "la nature de l'information" révélée, mais de "la fonction exercée par la personne qui [ la ] reçoit". Autrement dit tout élément confié à un policier est soumis au secret. "Être policier, c'est au-delà du métier, c'est un état", a renchérit la présidente. "A moins d'avoir été lobotomisée, comment avez-vous pu oublier votre qualité quand votre livre a été édité et est paru ?"
Quel consentement des personnes impliquées ?
Agnès Naudin, qui a publié d'autres livres documents - Enfance en danger (Robert Laffont), Affaires d'ados (Cherche Midi) et en décembre dernier Police : la loi de l'omerta (Cherche Midi) -, a assuré avoir demandé l'accord des personnes impliquées, changeant les noms et les lieux des faits. Sinon, dit-elle, "Je ne me serais jamais permis" de publier. Ce à quoi le procureur lui a répondu : "Pensez-vous vraiment qu'une personne suspectée dans une affaire criminelle, appelée par la capitaine chargée de son enquête encore en cours, peut donner un réel consentement ?"
L'auteure a en outre expliqué qu'elle avait, en janvier 2018, informé sa hiérarchie de la prochaine publication de son ouvrage, elle qu'elle n'avait alors reçu aucun commentaire, tout comme elle n'a pas été sanctionnée par l'administration après la sortie du livre.
Le procureur a néanmoins estimé que "Mme Naudin ne semble pas avoir compris l'intérêt du secret professionnel" et que si elle est remise en service "elle peut encore écrire sur des affaires en cours". Le jugement sera rendu le 15 mai.