La vie érotique d'Anaïs N. Anaïs, la femme du banquier, enlève son alliance tous les jeudis et quitte Louveciennes pour Paris. Sur son doigt, elle glisse à la place un bijou indien qui, à l'instar de l'anneau de Gygès qui rend invisible, la fait disparaître de la vue des notables qu'elle doit souffrir les autres jours de la semaine.

C'est un accord entre elle et son mari Hugo. « Il la protège, elle s'affiche en épouse respectable. » Mais le jeudi, elle n'est plus Madame Guiler, elle devient l'Anaïs Nin qui consignera sa vie érotique dans son Journal, la célèbre maîtresse d'Henry Miller. Dans son nouveau roman La semaine des quatre jeudis, Xavier Mauméjean brosse le portrait de l'Américaine d'origine cubaine, en convoquant ses complices d'escapade : l'auteur de Tropique du Cancer qui forme avec elle et Hugo un drôle de triangle ; June, l'épouse de Miller ; Alfred Perlès, l'écrivain, colocataire de Miller ; le D^r Allendy, cofondateur de la Société psychanalytique de Paris ; Antonin Artaud... À la capitale, la fugueuse hebdomadaire se meut comme un poisson dans l'eau. C'est un élégant voile de Chine noir parmi les miasmes parisiens. Entre séances de psy et scènes SM, les fantasmes le disputent aux souvenirs d'un père violent. Et Mauméjean de peindre à merveille cette Babylone des lettrés qui attira la bohème d'outre-Atlantique, avec l'atmosphère de peste qui l'enveloppe, selon Anaïs, et les couleurs de la perversion tant prisées par Miller, amateur de vespasiennes, notamment celles de la gare Saint- Lazare où d'aucuns laissent des quignons de pain se gorger d'urine...