Dans la famille Musso, voici le fils cadet, Valentin. L’aîné, c’est Guillaume, l’auteur français le plus vendu dans l’Hexagone. Le benjamin, Julien, agrégé de lettres classiques également, n’est "pas encore écrivain", s’amuse Valentin. Lui en est à son cinquième roman, avec une notoriété et des ventes qui vont croissant, et qui ne doivent rien à son frère. "La plupart de mes lecteurs n’ont pas lu les livres de Guillaume, et réciproquement !" Lui, c’est lui, et moi, c’est moi, en quelque sorte. Valentin assume tranquillement sa parentèle, et n’a jamais eu envie de se cacher, de prendre un pseudonyme, par exemple.
Dans cette famille de têtes bien faites et bien pleines, on est de gros lecteurs. Le père est un ancien secrétaire général à la mairie d’Antibes. La mère est l’ancienne directrice de la bibliothèque municipale. "C’est elle qui m’a fait découvrir les grands auteurs, dit-il, ainsi que les classiques du polar qui m’ont marqué : Agatha Christie, Conan Doyle, Gaston Leroux." Pas étonnant que son premier roman, La ronde des innocents, ait été un polar teinté de fantastique. Et rien à voir avec ce qu’écrit Guillaume. De toute façon, dans cette famille "très unie" les frères écrivains ne (se) parlent pas de leurs livres, et ne se lisent pas forcément.
Mais, pour éviter toute confusion et tout soupçon de "piston", Valentin a expédié son premier manuscrit sous pseudonyme aux Nouveaux Auteurs, maison qui sélectionne ses textes sur concours auprès d’un jury de lecteurs. Publié, lancé par le libraire Gérard Collard, La ronde des innoncents se vend à 15 000 exemplaires en grand format, et est repris en "Points thriller". L’auteur, qui n’a pas envie de se "cantonner dans le polar", et demande qu’on mette simplement "roman" sur la couverture de ses livres, enchaîne en 2011 avec Les cendres froides, un roman historique sur les Lebensborn, maternités nazies dès les années 1930. Même succès, même collection de poche. Au Seuil, qui devient son éditeur à partir du Murmure de l’ogre (2012), il rencontre Frédéric Mora, lequel est toujours son éditeur. Pour ce troisième roman, qui se situe sur la Côte d’Azur dans les années 1920, il s’est servi des souvenirs d’enfance de son grand-père maternel, dont le propre père a été tué à Verdun. Le livre se vend à 25 000 exemplaires en grand format, plus "Points thriller". Valentin Musso est désormais un auteur qui compte.
"Page-turner"
Après Sans faille (2014), un roman plus personnel qu’il a aussi eu "plus de peine à écrire", il signe Une vraie famille. Un huis clos angoissant, dans la lignée de Misery de Stephen King, un autre de ses auteurs favoris, avec trois personnages dont il épouse successivement les points de vue, et un basculement totalement imprévisible qui "déstabilise le lecteur". Simple en apparence, redoutablement efficace : un vrai "page-turner". Pour son prochain roman, Valentin va prendre son temps : plus long, il se passera aux Etats-Unis - où il n’est encore jamais allé -, dans les milieux du cinéma, une autre de ses passions. Titre provisoire : La fille à droite sur la photo. Moteur !
Jean-Claude Perrier
Valentin Musso, Une vraie famille, Seuil, Prix : 19,90 euros, 375 p., Sortie : le 1er octobre, ISBN : 978-2-02-123772-6