La machine à lire d'Amazon est en vente en France depuis le 7 octobre, dans la version basique des six modèles disponibles aux Etats-Unis. Pour 99 euros, ce premier Kindle (Wi-Fi, écran 6 pouces E Ink orientable, 170 g) sera livrable à compter du 14 octobre. Préparé dans le plus grand secret depuis près de deux ans, ce lancement avec un seul modèle laisse des réserves de communication (1) au cybermarchand américain pour la promotion à destination des francophones des modèles suivants : tactiles N & B, équipés d'une puce 3G, avec un clavier, puis tablette tactile couleur, tout juste présentée aux Etats-Unis. En attendant la réplique de ses concurrents, ce premier Kindle s'installe comme le matériel le moins cher du marché.
La librairie numérique d'Amazon propose 35 000 titres en français, dont plus de 4 000 gratuits selon le communiqué. Albin Michel, Editis, Flammarion, Gallimard, Hachette Livre, La Martinière-Le Seuil, Média-Participations, etc. : tous les grands groupes ont signé un contrat de mandat qui leur assure la maîtrise de leurs tarifs, dans l'attente de l'application de la loi sur le prix du livre numérique, qui devrait intervenir d'ici à la fin du mois. Les tractations ont duré jusqu'au dernier moment : mercredi soir, Marc Bordier, un des chefs des ventes de l'équipe Kindle pour la France, récupérait les derniers accords chez les éditeurs qui avaient apparemment pris goût au juridisme de leur nouveau partenaire numérique. Auparavant, plusieurs dizaines de petits éditeurs les avaient précédés, et étaient même entrés dans une phase de test des ventes dans le courant de l'été. Via le GIE Presse, un accord avait été conclu au début du mois pour la diffusion de quotidiens et de quelques magazines.
Si Amazon a pu accepter certaines modifications concernant la durée des contrats et les conditions de paiement, en fonction de l'équilibre du rapport de forces avec ses interlocuteurs, le taux de remise semble fixé à 30 %. Le cyberlibraire dispose des fichiers de livres numériques, adaptés à sa norme "azw" et avec sa DRM (système de protection antipiratage), lisibles sur ses seules machines. Il s'agit donc d'un système fermé, propre à l'univers d'Amazon, même si les applications Kindle développées pour les appareils d'Apple, les smartphones et tablettes sous Android (Google) ou d'autres systèmes d'exploitation peuvent laisser à l'utilisateur l'illusion d'une certaine liberté. En début de semaine, après un week-end d'ouverture, le premier titre en tête du classement des ventes de livres payants était L'art français de la guerre d'Alexis Jenni >(Gallimard).
(1) Voir LH 880, du 7.10.2011, p. 16-21.
