C’est avec joie que les lecteurs de Barlen Pyamootoo le voient revenir en cette rentrée. Auteur rare, son précédent roman, Salogi’s, le troisième, était paru à L’Olivier en 2008. Comme à l’habitude, Pyamootoo nous plonge au cœur de son pays, l’île Maurice, de son peuple métis, polyglotte et chamarré, des mystères aussi de ce microcosme. "L’île est trop petite pour s’y perdre", dit au début l’un des personnages, Salim, l’un des copains d’enfance du héros, Anil. Ce en quoi il avait tort.
Car justement, un vendredi semblable à tous les autres, Anil Ramloll, surnommé Tarzan, un honnête marchand de vêtements de Flacq, d’origine indienne comme la majorité des Mauriciens, après avoir pris son petit déjeuner avec son épouse Mirna, embrassé ses enfants Kamla et Ashok, passé la matinée au magasin et déjeuné avec son meilleur ami Rakesh dans leur restaurant habituel, le Tom Pouce, Anil, donc, se volatilise. Le seul indice qui aurait dû mettre la puce à l’oreille de son épouse : il avait revêtu son plus beau pantalon !
Au début, on s’inquiète. La police (inefficace et corrompue), la famille Ramloll (qui déteste la bru) mènent des recherches. En vain. Anil ne revient pas. Le temps passant, Mirna est l’objet des assiduités du riche député Om Prakash, un type bien, qui finira par l’épouser, élever ses enfants. Le roman pourrait s’achever ainsi, mais Barlen Pyamootoo est bien plus malin : un jour, à Mahébourg, une autre ville de l’île, les parents de Mirna croient reconnaître Anil. Est-ce bien lui ? Qu’est-il alors devenu ? Et a-t-il l’intention de reprendre sa vie d’avant, avec une Mirna bigame ?…. On ne révélera pas l’issue de cet imbroglio tropical patiemment tricoté par un auteur malicieux. J.-C. P.