Oh les beaux jours ! Il suffit d'ouvrir l'œil, la poésie est partout et enchante la vie de tous les jours, c'est ce que nous murmurent les petits poèmes de ce recueil. Elle est dans un jardin si minuscule que « même la fourmi connaît le prénom de tous les insectes ». Elle est aussi dans le contenu d'une poche, entre un caillou et un timbre d'Angola. Ou dans une écharpe qui n'obéit jamais, jouant « tantôt au drapeau tantôt au serpent ». Ou encore dans un automne qui n'est pas venu et qui a dû « oublier sa flûte qui imite le vent ». Développant un art poétique qui est aussi humoristique, cet album nous intime de ne pas nous décourager si ni les mots ni l'inspiration ne sont au rendez-vous. Un arbre de la mangrove avance de cinq mètres par an alors que le poète peut déjà s'estimer heureux quand une de ses idées avance de cinq centimètres ! Le plus souvent, on n'est pas obligé d'aller loin pour trouver ses mots, il suffit de ramasser ceux qui bougent au creux de la main. Parfois, on met sa vie dans un poème mais ensuite celui qui le lit y met aussi un peu de la sienne. Enfin, les phrases sont souvent comme les chaussures, certaines font mal aux pieds, ce n'est pas la bonne pointure. Mais cette phrase qui au début nous serrait un peu le talon, on finit par l'aimer. Ce recueil de poèmes optimistes fait du bien par les temps qui courent. Le spirituel Carl Norac, élu poète national belge, sait comme personne nous faire vivre les épiphanies du quotidien, et sa complice Anne Brouillard les dessiner avec grâce et douceur de sa palette tendre.