« Rien ne peut rien pour personne. Les choses se refermaient sur lui. Ce n'était pas la faute de papa, seulement la vie. » Elle a ravi à Murdo deux piliers. Il avait 9 ans à la mort de sa sœur, 16 ans à celle de sa mère. Où évoluent-elles désormais ? Dans « un monde spirituel, mais elles sont en toi », croit-il. Or il n'y a pas de mots pour exprimer sa peine. Ces pertes révoltantes le laissent sur le carreau. Pas étonnant que des murs invisibles se dressent entre Murdo et son père. Chacun se retranche dans sa bulle. Alors pour ne pas sombrer, cette famille amputée va se ressourcer aux Etats-Unis.

« Un monde différent. C'était ça l'Amérique. Tu pensais la connaître à travers des films, mais tu ne la connaissais pas. » Accueilli par des proches, le duo s'ouvre à cet univers, plus injuste et surprenant qu'il n'y paraît. Murdo se plaît à renouer avec une part oubliée de lui-même, l'accordéon. « Lui et la musique. Il marchait en rythme. » Grâce à Sarah, il goûte à l'aventure. « On n'est pas à l'école grand on est dans la vraie vie. » Tout comme son héros, l'auteur - originaire de Glasgow - a quitté le lycée pour trouver sa voie dans la réalité. Il adopte si bien le ton curieux, rieur et soucieux d'un adolescent en quête de lui-même. « A seize ans t'es un garçon et à dix-sept un homme. » Pour célébrer leurs 40 printemps, les éditions Métailié mettent en avant des auteurs phares. Kelman correspond parfaitement à cette envie de questionner la vie, la mort, l'amour et la joie qu'on porte en soi. « Ce qu'il faut faire, c'est grandir. »