Pass Culture

Réforme du pass Culture : « Nous interpellons Rachida Dati », lance le SLF

Guillaume Husson, délégué général du SLF lors des RNL de Strasbourg, en 2024 - Photo Olivier Dion

Réforme du pass Culture : « Nous interpellons Rachida Dati », lance le SLF

Le délégué général du Syndicat de la librairie française déplore le manque de concertation du ministère de la Culture avant la publication surprise du décret de réforme du pass Culture, qu’il estime néfaste pour le livre et la lecture. Il interpelle la ministre de la Culture Rachida Dati pour trouver des solutions. 

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Par Éric Dupuy
Créé le 04.03.2025 à 19h02

Trois jours après la mise en application du décret paru le 28 février sur la réforme de l’accessibilité au dispositif du pass Culture, le délégué général du Syndicat de la librairie française (SLF) Guillaume Husson soutient que le livre reste une économie sous-subventionnée et que la diminution du dispositif va à l'encontre des enjeux d'accès à la lecture des jeunes. 

 

Livres Hebdo : Comment accueillez-vous la réforme de l’accès au Pass Culture publiée au Journal officiel vendredi dernier ?

Guillaume Husson : La réduction du nombre de bénéficiaires et la baisse de moitié de la dotation à partir de 18 ans est une mauvaise nouvelle pour les jeunes et pour le secteur du livre. L'achat de livres est la pratique que les jeunes privilégient librement sur le pass Culture, et cette réforme va donner un coup de frein à cet élan positif autour du livre et des librairies. C’est d’autant plus regrettable dans un contexte où, selon les études du CNL, la lecture baisse chez les jeunes. 

« Des impératifs financiers sans analyse préalable des impacts »

Le pass Culture a peut-être des défauts sur d'autres secteurs, mais, en librairie, c'est un succès. Il y a une grande diversité de jeunes qui fréquentent les librairies grâce à ce dispositif et qui reviennent après avoir épuisé leur pass car les libraires leur donnent le goût de la lecture. Près de la moitié de ces jeunes ont découvert une librairie pour la première fois grâce au pass. Ils n'achètent pas seulement du manga ou de la romance ; ces genres représentent seulement un tiers des achats de livres en librairie via le pass Culture et ils sont des modes d’accès populaires à la lecture qu’il ne faut pas stigmatiser. La littérature, les sciences humaines, l’art ou encore la mode sont également plébiscités.

La réduction de 50 % du crédit et l'exclusion des 15-16 ans du programme sont des mesures importantes. On pouvait également s’attendre en plus à un fléchage des crédits vers d’autres industries culturelles, comme le spectacle vivant. Pour les libraires, n’est-ce pas finalement moins pire que prévu comme réforme ?

C’est certes mieux qu’une suppression pure et simple mais est-ce suffisant pour s’en réjouir ? Pour nous, c’est une réforme qui est guidée essentiellement par des impératifs financiers sans analyse préalable des impacts sur ce qui fonctionne. Par ailleurs, nous n’avons jamais opposé les pratiques culturelles entre elles car nous sommes convaincus qu’elles se nourrissent mutuellement. Par exemple, un jeune qui va au théâtre achètera des livres de théâtre et réciproquement.

« Nous interpellons Rachida Dati pour qu'elle travaille, avec nous, à des solutions, même après l'annonce de la réforme »

Vous comprenez les contraintes budgétaires, mais estimez-vous comme le Syndicat national de l’édition que la réforme a été appliquée de manière brutale, sans concertation avec les professionnels du livre ?

Il n’y a pas eu de véritable concertation entre le ministère de la Culture et les professionnels du livre, en particulier les libraires, malgré la mission flash mise en place par la ministre de la Culture en novembre dernier. Cette mission visait à étudier l’impact de la mesure sur le secteur du livre et de la lecture et à proposer des solutions qui valorisent le réseau des librairies indépendantes, celles-ci étant reconnues par Rachida Dati comme étant souvent la première porte d’entrée des jeunes vers la lecture et la culture.  À notre connaissance, cette mission n'a pas rendu son rapport, ou, en tous les cas, il n'a pas été rendu public. Il n'y a donc aucune proposition ou solution concrète malgré le souhait formulé par la ministre.

Avez-vous des idées ou des propositions pour faire face à cette période de restrictions budgétaires ?

N’oublions pas que le secteur du livre est le moins aidé par les financements publics, bien loin derrière l'audiovisuel, le cinéma ou la presse. On ne peut donc pas dire que le pass Culture vient s’ajouter à une économie subventionnée. Nous interpellons la ministre de la Culture pour qu'elle travaille, avec nous, à des solutions, même après l'annonce de la réforme. En parallèle, nous continuons, de notre côté, à échanger avec le pass Culture pour améliorer l'identification des offres des librairies sur l'interface afin de les rendre plus visibles auprès des utilisateurs.

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