Le 22 novembre dernier, le tribunal de Bobigny a examiné un cas, rare en justice, de trafic de livres. L'affaire implique Henri Veyrier, 76 ans, libraire à Saint-Ouen et ancien responsable des éditions qui portent son nom, liquidées en 1992. François Guérif, un de ses auteurs d'alors, l'accuse d'avoir réimprimé ses titres et diffusé un stock prétendument disparu sans lui verser de droits. Après instruction, l'affaire a été jugée assez sérieuse pour être envoyée en correctionnelle. L'enquête n'a pu démontrer la réimpression, mais a prouvé la rediffusion d'ouvrages datant des années 1980, consacrés au cinéma, dont François Guérif avait récupéré les droits. Alors que le liquidateur affirmait en 1997 qu'il n'y avait plus de stock des éditions Veyrier, l'ancien éditeur poursuivait encore à la fin des années 2000 la commercialisation de ses titres au prix du neuf, dont plusieurs dizaines d'exemplaires ont été retrouvés après perquisition dans sa librairie de Saint-Ouen, a fait valoir Me Vincent Toledano, avocat de François Guérif.

Il s'agissait de retours de librairies, défraîchis et remis dans le circuit de l'occasion et des soldes, assure Me Dominique Annicchiarico, avocat d'Henri Veyrier. Le procureur a requis six mois de prison avec sursis et 5 000 euros d'amende. Le jugement sera rendu le 3 janvier prochain.