Galaxie noire. Tout le monde pense que si Stella a disparu, c'est qu'elle est en route pour Rome ou Milan, et qu'on va la retrouver sur les podiums des défilés ou sur le papier glacé des magazines de mode. Personne n'imagine que son cadavre boursouflé va bientôt venir s'échouer sur la plage du village de pêcheurs de Giorgino, en Sardaigne. 17 ans, blonde, sublime, assassinée et défigurée. De son vrai nom -Maristella Coga − coga -signifie « sorcière » en sarde −, elle avait une mère alcoolique, un père accusé d'abus sexuel quand elle avait 9 ans, un frère handicapé et un petit ami racaille de cité. Cela fait beaucoup, mais c'est apparemment monnaie courante quand on vient du quartier populaire de Sant'Elia, dans les bas-fonds de Cagliari − ville natale de Piergiorgio Pulixi − dans le sud de la -Sardaigne, là où les deux inspectrices Eva Croce et Mara Rais vont devoir remonter la piste du tueur.
C'est déjà la cinquième affaire traduite en français de cette série publiée dans plus d'une dizaine de pays, que l'on adore retrouver chez Gallmeister depuis le meurtre ésotérique de Dolores Murgia dans L'île des âmes en 2021. L'histoire éditoriale de la série est un peu sinueuse. Parce que Piergiorgio Pulixi, deuxième auteur italien le plus vendu en France (derrière Erri De Luca et devant Elena Ferrante), passé par des études à Londres, adorateur de Stephen King, Louise Penny et Michael Connelly, construit son œuvre sur le modèle... de l'univers Marvel. C'est-à-dire qu'il a abandonné la forme classique de la série policière avec son noyau fixe − l'enquêteur et son acolyte − pour faire entrer et sortir ses personnages principaux à sa guise. Cela donne Eva et Mara dans le tome 1, alors qu'Eva est quasi absente ici. On a vu arriver le vice-commissaire et criminologue Vito Strega, grand type massif qui entend des voix sans que l'on sache s'il est schizophrène ou victime d'un syndrome post-traumatique, dans le tome 2, L'illusion du mal (2022). Strega existe aussi en solo dans un autre roman, Le chant des innocents (2023). Dans Stella, il occupe une bonne moitié de l'intrigue. On voit ici également gagner en présence Clara Pontecorvo, inspectrice florentine, amazone de près de deux mètres et tireuse hors pair, découverte dans La septième lune (2024). Ainsi, sur la base d'une recette somme toute classique, Piergiorgio Pulixi greffe des épisodes indépendants les uns des autres tout en conservant, comme chez Marvel, des personnages qui forment une grande famille et dont on se réjouit de retrouver, comme dans un soap, les petits tracas du quotidien, les hoquets amoureux, le plat préféré...
Dans Stella, peut-être plus encore que de découvrir l'identité du tueur, on meurt de savoir ce que mijote la mystérieuse femme qui se glisse dans l'appartement milanais de Strega, se caresse dans son lit, kidnappe son chat et fouille le bureau de son psy. D'elle, on n'entendra la voix, comme une menace, qu'à la toute dernière page, le temps de se dire : vivement la suite !
Stella
Gallmeister
Traduit de l'italien par Anatole Pons-Reumaux
Tirage: 25 000 ex.
Prix: 25,90 €
ISBN: 9782351783665