Pour sa 25^e édition, le prix Marcel Pagnol a été remis dans l’écrin symbolique du Fouquet’s et consacre un texte qui fait de l’enfance le fondement d’une vie. 

Jean-Paul Kauffmann y remonte le fil d’un drame collectif survenu en 1949 à Corps-Nuds, en Bretagne : dix-huit footballeurs du village périssent dans un accident de car. Ce drame collectif, filtré par son regard d’enfant et enfoui sous la poussière des décennies, a, dit-il, pesé sur toute son existence, jusqu’à son enlèvement au Liban en 1985. L’Accident mêle enquête et introspection pour interroger ce point aveugle : « Ai-je eu l’entière liberté dans le choix de ma vie ? Oui, sans doute. »

Journaliste, otage au Liban de 1985 à 1988 et écrivain salué dès La Chambre noire de Longwood par le prix Fémina essai et le prix Roger Nimier entre autres, Kauffmann signe ici un récit prenant et déjà écoulé à plus de 13 000 exemplaires, où l’enfance rejaillit comme matrice d’un destin. Il succède à Marion Fayolle, lauréate 2024 pour Du même bois (Gallimard).

Un prix qui récompense l'enfance

Le jury, présidé par Grégoire Delacourt et composé de Philippe Chauveau, Michel De Jaeghere, Franck Duval, Floryse Grimaud, Dominique Guiou, Pascal Ory de l'Académie française, Karin Hann, Jean-Noël Pancrazi et Nicolas Pagnol, a salué cette manière d’explorer les plis du souvenir. Fidèle à sa vocation, le prix distingue chaque année un ouvrage où l’enfance se fait matière littéraire, dans l’héritage de celui qui lui a donné son nom.

Aussi, la sélection 2025 réunissait cinq titres : Le bon Denis de Marie NDiaye (Mercure de France), Les Deux Tilleuls de Francis Grembert (Arléa), 6 avenue George V de Thomas B. Reverdy (Flammarion) et Stanislas de Simon Liberati (Grasset), chacun à leur manière traversés par ces années d’apprentissage qui forgent toute vie.

Créé en 2000 à Aubagne par Floryse Grimaud, le prix Marcel Pagnol a distingué de nombreuses auteurs : de Philippe Claudel à Laura Alcoba, de Didier Van Cauwelaert à Colombe Schneck.

Doté de 3 000 euros par le Fonds de dotation Marcel Pagnol, il s’accompagne chaque année d’une œuvre originale signée FKDL, chargée de réinterpréter l’esprit du maître provençal. Vingt-cinq ans après sa naissance, le prix reste fidèle à sa vocation : célébrer l’enfance retrouvée.