Comme à son habitude depuis une vingtaine de romans, Philippe Besson continue d'explorer la psychologie de l'être humain placé en situation de crise (ici, un abominable féminicide), avec une grande finesse d'analyse, une véritable empathie pour les victimes, sans gras aucun (cinquante et un courts chapitres pour 200 pages) et, en général, sans pathos. Une exception, ici : les dernières paroles que la mère mourante, assassinée de dix-sept coups de couteau par son conjoint parce qu'elle voulait le quitter, adresse à sa fille, Léa, une ado de 13 ans qui a assisté à la scène. Bien sûr, au procès d'assises, son témoignage conduira son père, ce père qu'elle a du mal à ne plus aimer, à la perpétuité.
L'histoire est racontée à la première personne par le frère aîné, dont on ignorera le prénom, 19 ans au moment des faits, une espèce de Billy Elliot bordelais. À 14 ans, passionné de danse, amoureux des garçons, il avait obtenu, grâce à sa mère aimante et malgré son géniteur obtus et ironique, de monter à Paris. Après avoir été reçu au concours du ballet de l'Opéra, une belle carrière s'ouvrait à lui. Mais le drame a tout fait capoter. Le garçon est revenu chez lui, à Blanquefort, pour s'occuper de sa petite sœur traumatisée − laquelle commence à partir en vrille −, régler les problèmes matériels, faire face, avec l'aide d'un grand-père (maternel) épatant. De son autre famille, il ne sera pas question. Quant au coupable, un raté, pervers narcissique et lâche, la jalousie aurait été le motif de son acte. C'est passionnant, bien tissé, et au cœur de problématiques actuelles.
Ceci n'est pas un fait divers
Julliard
Tirage: 70 000 ex.
Prix: 20 € ; 208 p.
ISBN: 9782260055372