Depuis 2021, les jeunes de 15 à 20 ans bénéficient d’un crédit leur permettant de découvrir les arts et les lettres dans leurs différentes dimensions. Explicitement conçu pour « encourager la rencontre entre les acteurs culturels et les utilisateurs », le pass Culture ne permet pourtant pas les achats en ligne. Dépassant le simple portefeuille numérique, l’application numérique se veut plutôt une boussole avec laquelle les adolescents doivent apprendre à se repérer dans l’offre culturelle.
Pas que le manga
L’étude, qui s’appuie notamment sur les données de navigations, permet d’apprécier l’importance de l’imprimé dans l’itinéraire des utilisateurs. Les livres constituent la catégorie de produits culturels la plus plébiscitée, 9 bénéficiaires sur 10 en ayant réservé au moins un avec son pass. Nuançant certains discours alarmistes sur l’omniprésence du manga dans les lectures des jeunes, les données indiquent par ailleurs que les jeunes sont susceptibles de passer d’un rayon à l’autre : 43 % d’entre eux ont ainsi réservé un ouvrage dans un genre littéraire qu’ils ne connaissaient pas avec le pass. Comme le résume un libraire cité dans l’étude : les jeunes, qui commencent souvent par venir chercher des mangas, diversifient peu à peu leurs demandes. Le palmarès des achats effectués invite en outre à manier avec prudence des catégorisations pouvant s’avérer rigides. L'intérêt des jeunes pour le neuvième art n’exclut ainsi pas la lecture d’essais d’actualité alimentant le débat public. Le Monde sans fin signé par Christophe Blain et Jean-Marc Jancovici se situe par exemple en deuxième place du « top BD » (hors manga). Attestant également de l’engouement des nouvelles générations pour la poésie, le recueil de Rupy Kaur, Lait et miel, apparaît quant à lui plus mystérieusement dans le top 5 des romans.
Une clef pour entrer dans le monde des lettres
Pour les guider dans leur cheminement, les bénéficiaires du pass comptent d’abord sur leur libraire. Selon une formule de l’étude, celui-ci est perçu comme « l’expert qui va pouvoir les orienter dans leurs choix de livre lorsqu’ils n’ont pas d’idées précises de ce qu’ils souhaitent acheter ». Le pass culture ne permettant pour l’heure de réserver directement que les livres disponibles en magasins, les grandes surfaces culturelles tirent cependant leur épingle du jeu (il s’y fait 51 % des achats). L’ampleur de leurs stocks répond en effet aux habitudes des bénéficiaires du pass : dans 80 % des cas, le livre choisi a été identifié par l’utilisateur avant même qu’il ne se rende sur le lieu de vente.
Alors qu’ils sont 48 % à avoir découvert un lieu d’achat ou d’emprunt de livres en allant retirer leur réservation, les jeunes semblent voir dans le pass, et sa fonction de géolocalisation, une clef pour pénétrer dans le monde des lettres. Tout l’enjeu reste que la porte ne se reverrouille pas lorsqu’ils n’en disposeront plus : si 88 % des jeunes qui ont franchi pour la première fois le seuil d’une librairie indépendante comptent s’y rendre à nouveau, seuls 59 % d’entre eux songent à continuer à la fréquenter sans le pass.
L’étude est consultable sur le site du Syndicat de la librairie indépendante.