La recette du reset. Pierre, marié, trois enfants, est un architecte qu'une clientèle branchée s'arrache pour se faire construire un de ces habitats translucides qui sont devenus sa marque de fabrique. Son épouse Betty n'est pas en reste en matière de tendance, sa galerie accueille les artistes conceptuels les plus pointus... Sur le papier, un couple idéal qui allie succès et bonheur conjugal. Mais voilà, s'avoue le narrateur de La fin du sommeil de Paloma de Boismorel, « dessiner pendant dix ans la même maison de verre avait détruit ma créativité, [...] toutes les idées que je parvenais à tirer du néant étaient lisses et creuses comme une maquette de projet immobilier. La médiocrité de ma vie m'avait englouti ».

Sa femme a l'air de le mépriser, ses chers bambins aussi. Il faut dire qu'il ne s'était jamais totalement impliqué dans la parentalité... Alors comment regagner l'amour de Betty, la considération de ses aînés désormais grands ? Crise du mitan de l'existence : que faire pour se redéployer quand on se sent vidé ? Écrire un livre ? Mais sur quoi ? Surtout comment dégager du temps quand le travail vous consume. Il n'en dort plus la nuit, il en a la gorge nouée... D'ailleurs, ces maux dans le gosier ne sont-ils pas les signes avant-coureurs d'une longue maladie ?, se demande l'hypocondriaque. Consultation faite, on ne lui diagnostique qu'une allergie aux cyprès, sauf que germe en lui l'idée de prétendre être atteint d'un cancer... D'une sagacité réjouissante, La fin du sommeil est un roman de ré-initialisation : il n'est jamais trop tard pour se retrouver soi-même et recommencer.