Promulguée le 10 août 1981, la loi sur le prix unique fête aujourd’hui ses quarante ans. Encensée, rejetée ou copiée, elle n’a laissé personne indifférent et a longtemps capté les débats traitant de l’économie du livre. Retour, à travers les archives de Livres Hebdo (téléchargeables ci-contre), sur une loi qui a fait couler beaucoup d’encre.
Mise en place sous le mandat de Mitterrand par Jack Lang, la loi sur le prix unique a plusieurs objectifs. Elle souhaite assurer l’égalité des citoyens devant le livre en leur proposant un prix identique, prend part au maintien d’un réseau livresque décentralisé très dense sur tout le territoire et a comme finalité d’encourager le pluralisme de la création et de l’édition.
Quelques désaccordsLe prix unique du livre n’a pas emporté tous les suffrages à ses débuts. La Fédération Française des Syndicats de Libraires (FFSL) soutient le prix unique mais sous conditions, tandis que les Librairies L continuent de soutenir le prix net et les grandes surfaces se prononcent contre ce projet de loi. Tandis que certains syndicats de librairies y voient une volonté de contrôle de la part des éditeurs, les grandes surfaces prennent peur de voir leur prix réduits s’envoler. L’enseigne Leclerc est la plus récalcitrante : refusant de se plier à la loi, l'enseigne est allée même jusqu’à proposer trois ans plus tard, en 1984, L’Amant de Marguerite Duras à un prix dérisoire.
Alors que le débat sur le prix unique fait rage en juin 1981, Livres Hebdo part en Allemagne et en Angleterre, deux pays limitrophes où une loi sur le prix unique du livre est déjà en vigueur.
L'arrêté Monory
En 1979, le Ministre de l’économie René Monory instaure un arrêté portant son nom. Ce dernier permet aux libraires de fixer eux même le prix de leurs ouvrages. Cet arrêté est abrogé en juillet 1981. Cet évènement ouvre la voie au prix unique.
Le 10 août 1981, la loi sur le prix unique du livre est adoptée. Quatre textes de référence sont alors officiellement publiés comme le texte de loi, l’engagement du Syndicat national de l'édition (SNE) mais aussi un discours que Jack Lang prononce à cette occasion dans lequel il rend hommage à l’acte d’écriture : "Faire du livre une simple et banale marchandise, c’est oublier la folle aventure d’un homme aux prises avec l’écriture."
Se préparer à la loi
Post-révolution, comment appliquer une loi qui chamboule les codes ? Plusieurs associations et syndicats, comme l'Asfodelp, le Syndicat des libraires Loire-Océan et le Slut, proposent les pistes qui seront les premiers pas vers un prix du livre unique.