L'emprise du mâle. RD, beau garçon, ancien chauffeur dans un ministère à l'île Maurice, douze ans de prison. MB, maçon de 45 ans, séducteur, condamné en 2025 à la réclusion à perpétuité. HC, journaliste, poète mauricien, jamais inquiété jusqu'à sa mort en 2024. Voilà le bilan de trois terribles histoires de violences faites à des femmes, reliées entre elles par Nathacha Appanah. Deux en sont mortes, Emma, écrasée par son conjoint et Chahinez Daoud, 31 ans, immolée par son mari à Mérignac. La troisième est toujours en vie, c'est Nathacha Appanah elle-même. Elle qui à 18 ans, est tombée sous l'emprise complète de HC, une sorte de gourou quinquagénaire qui l'avait séduite en lui parlant de littérature. Elle vivra six ans avec lui, chez lui (alors qu'il est marié, a un enfant), dépendante, en proie à sa jalousie maladive, à sa violence. Elle parviendra à s'échapper et à mener sa vie de journaliste puis d'écrivain en France. Alors qu'elle tentait de se reconstruire, elle s'est trouvée au cœur des deux autres tragiques faits divers. Emma était une de ses cousines. Quant à Chahinez, elle est morte à Mérignac, tout près de Bordeaux où vivait alors Nathacha. Elle s'est passionnée pour ces drames, a enquêté, rencontré les familles des victimes.

Tout cela a fini par faire un livre, au terme d'un processus long (quatre ans) et forcément douloureux, que l'auteur raconte au fil des pages - le texte en train de s'écrire devenant presque le sujet principal de La nuit au cœur. Rarement un écrivain est allé aussi loin dans la confession, l'analyse. Et encore, il reste un épisode que Nathacha Appanah n'a pas osé raconter, dit-elle. Comme si elle n'était jamais sortie de la spirale infernale où elle a vécu.