Un mouvement grandissant en Amérique du Nord
"Avec cette abolition, nous nous assurons de ne laisser personne pour compte. Plusieurs familles ne viennent plus dans nos bibliothèques parce que leurs dossiers sont bloqués en raison de frais de retard. Cette situation prive des enfants et d’autres personnes en situation de vulnérabilité d’un accès à des livres, à la culture, mais aussi aux ordinateurs, très populaires auprès des membres. Cela va à l’encontre de nos valeurs d’équité et de justice sociale", a déclaré la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Cette décision devant être votée dans chaque conseil d’arrondissement – ces derniers tirent par ailleurs des revenus desdites pénalités – il faudra attendre le mois d’octobre 2021 pour que l'abolition entre en vigueur partout sur l'île.
Avec cette mesure, la métropole entend rejoindre le mouvement Fine Free Library (Bibliothèque sans amendes), né aux Etats-Unis en 2017. D'ores et déjà soutenu par l’Association des bibliothèques publiques du Québec, il gagne du terrain dans la Belle Province où 28% des bibliothèques publiques n'appliquent déjà plus de frais de retard, soit 292 établissements (dont 272 complètement, et 20 partiellement).
Une mesure suggérée par l'ABF en avril 2020
Reste toutefois à préciser les modalités pratiques entourant la disparition des frais de retard. Au cœur des réflexions : la durée des prêts, qui devra être réétudiée. Cité par Le Devoir dans un article du 30 juin, Sébastien Nadeau, directeur des services au public à la Grande Bibliothèque de Montréal, explique : "En prolongeant les délais de prêt, les autres usagers pourraient attendre des semaines avant d’y avoir accès. Donc, on rend un usager heureux, mais derrière ça, il y en a des dizaines d’autres qui sont moins heureux d’attendre. Il faut trouver un équilibre."
Par ailleurs, la suppression des pénalités n'est pas synonyme d'anarchie. "Si un usager dépasse les délais de prêt, il sera quand même invité à rendre le livre, sans payer de frais. S’il le perd, il devra le rembourser", précise Le Devoir.
En France, la suppression des frais de retard avait été suggérée par l'ABF en avril 2020, en pleine crise sanitaire, suite à la fermeture des établissements.