Livres Hebdo : Quel est votre rôle en tant qu’attachée livres à l’Ambassade de France aux Etats-Unis ?
Louise Quantin : Je suis aux Etats-Unis depuis deux ans en tant que contractuelle rattachée au ministère des Affaires étrangères, pour les services culturels de l’ambassade de France. Le siège est à New-York et il y a quatre départements d’experts, dont celui des livres et des débats d’idées que j’occupe. Avant cela, j’ai été responsable de cession de droits pendant dix ans. Depuis New-York, j’ai d’abord une mission fédérale, c’est-à-dire sur tout le territoire, de promotion de la pensée française et en l’occurrence, de l’édition française. Finalement, c’est une affaire de soft power, de réseau diplomatique pour laquelle mon équipe et moi sommes très actifs.
Quel est l’enjeu, pour les maisons d’édition françaises, de voir aujourd'hui leurs auteurs traduits aux Etats-Unis ?
Tous les auteurs français veulent être sur le marché américain ! C’est un énorme enjeu que d’être traduit en langue anglaise parce que ça ouvre beaucoup de portes à l’international. Pour autant, c’est très difficile de pénétrer ce marché-là. Même s’il y a une vraie volonté, au travers des institutions, de promouvoir la culture française aux Etats-Unis, le marché éditorial américain est plutôt frileux en termes de cession de droits. Sur les tables de l’édition américaine, seuls 3% des livres sont des ouvrages étrangers traduits. Même si le français reste quand même la langue la plus traduite sur le marché.
Une « facilitatrice d'échanges »
Comment agissez-vous concrètement sur le Paris Book Market ?
J’ai été invitée par l’Institut français. Je rencontre des responsables de cession de droit français pour qu’ils rencontrent et dialoguent avec des représentants américains. Je discute avec eux des titres qui pourraient intéresser l’édition américaine, sans non plus faire de la prospection car ce n’est pas mon rôle.
Je suis plutôt une facilitatrice d’échanges ! J’encourage les éditeurs américains à regarder les livres français, j’accompagne les professionnels et j’aide les auteurs français à rayonner. J’ai par exemple offert le voyage à une éditrice américaine de la maison Feminist Press. Les américains sont plutôt friands du segment de la non-fiction. Côté sciences humaines et sociales, il y a un véritable intérêt pour les théories féministes ou encore celles du vivant, qui se sont un peu substituées à la « french theory » de Michel Foucault. Et puis, avec mon équipe, nous avons des liens très privilégiés avec le Bief. Ils ont organisé, fin juin, des rencontres professionnelles franco-américaines avec près de 80 éditeurs américains donc je profite du Paris Book Market pour préparer le terrain.