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Claire Mauguière : « Le Paris Book Market est l’occasion de découvrir la rentrée littéraire en avant-première »

Claire Mauguière est responsable du Paris Book Market, organisé par le Bief (aujourd'hui France Livre) depuis 2022 - Photo © ED

Claire Mauguière : « Le Paris Book Market est l’occasion de découvrir la rentrée littéraire en avant-première »

À l'approche de l’évènement de plus en plus incontournable pour les vendeurs de droits francophones qu’elle pilote, Claire Mauguière fait le point sur la 4e édition du Paris Book Market, qui se déroulera les 4 et 5 juin. 

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Par Éric Dupuy, Elodie Carreira
Créé le 30.05.2025 à 11h00 ,
Mis à jour le 30.05.2025 à 15h36

Livres Hebdo : Comment s'annonce cette 4e édition du Paris Book Market ?

Claire Mauguière : Sous les meilleurs auspices ! Nous avons conservé la même formule que les années précédentes, à l'exception de la journée de la veille qui n'aura plus lieu (consacrée aux échanges avec les attachés du livre des instituts français sous la forme de tables rondes, ndlr). Nous avions constaté que ce moment n'était pas idéal, car de nombreux éditeurs étrangers étaient déjà en rendez-vous chez leurs partenaires parisiens. Cette année, ce sera donc deux journées les 5 et 6 juin entièrement dédiées aux rencontres B2B, avec des espaces plus grands pour accueillir davantage de participants.

Combien de maisons d'édition seront représentées cette année ?

Environ 269 maisons d'édition seront représentées côté vendeurs. Ce chiffre inclut toutes les marques représentées par un agent ou au sein d'un groupe. En termes d'espace, nous disposons de 150 tables de rendez-vous, ce qui représente une augmentation de plus de 10 % par rapport à l'année dernière.

Comment expliquez-vous l'attrait croissant pour cet événement ?

Le Paris Book Market est particulièrement attractif pour les petites maisons d'édition. C'est un projet financièrement abordable comparé à Francfort ou Londres, qui représentent des investissements bien plus conséquents. De plus, il offre une visibilité exceptionnelle : contrairement aux grandes foires internationales où il faut se faire une place parmi des milliers d'éditeurs, ici seuls les francophones vendent leurs droits. Cette année, plusieurs petites maisons ont d'ailleurs adhéré au Bief (désormais France Livre, ndlr) en vue notamment de participer à cet événement.

« Nous constatons une présence nettement plus importante d'éditeurs britanniques »

Comment a évolué la participation des éditeurs francophones non français ?

Leur présence s'est nettement renforcée. Cette année, nous accueillons environ huit éditeurs québécois, trois belges, sept suisses, plusieurs éditeurs du Maghreb et deux libanais. Tous ceux qui avaient participé l'an dernier ont souhaité revenir et beaucoup ont demandé plus de tables pour représenter davantage d'éditeurs de leur pays.

Et du côté des acheteurs internationaux ?

Nous sommes à peu près au même niveau que l'année dernière avec une légère augmentation. La majorité vient d'Europe, avec une forte représentation de l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne. Cette année, nous constatons une présence nettement plus importante d'éditeurs britanniques. Le format de deux jours à Paris reste plus accessible pour les Européens que pour les professionnels venant d'Asie ou d'Amérique.

Comment financez-vous la venue des acheteurs internationaux ?

Sur environ 260 maisons d'édition représentées côté acheteurs, nous prenons en charge les nuitées pour environ 120 personnes. Les déplacements restent à leur charge. Pour sélectionner les invités, nous combinons les suggestions de nos adhérents, des Instituts français, et nos propres contacts développés lors de rencontres professionnelles tout au long de l'année. D'une année sur l'autre, nous essayons de faire tourner les invitations pour n'avoir jamais la même maison deux fois de suite. De leur côté, les Instituts français participent à certaines venues d’éditeurs de pays lointains à discrétion. 

Comment mesurez-vous l'impact commercial de l'événement ?

Nous n'avons pas encore développé d'outil précis pour quantifier les contrats signés, mais nous savons que ça fonctionne car de nombreux éditeurs étrangers reviennent en nous disant avoir trouvé plusieurs titres intéressants lors de l'édition précédente. Nous réfléchissons avec nos partenaires et nos adhérents à créer un système d'évaluation pour les prochaines éditions.

« Nous appliquons une tarification selon le chiffre d'affaires, avec désormais trois niveaux de tarifs »

Quels secteurs éditoriaux sont les plus représentés ?

Tous les secteurs sont présents de façon proportionnelle au marché. Toutefois, nous constatons une dynamique particulière autour de la littérature et des sciences humaines. Ces secteurs sont particulièrement demandeurs car, contrairement à la jeunesse qui a Bologne ou la BD qui a Angoulême, ils n'ont pas de foire professionnelle spécifique. Les éditeurs étrangers voient le Paris Book Market comme une occasion unique de découvrir la rentrée littéraire française en avant-première, avant sa présentation à Francfort.

Comment préservez-vous l'équité entre petits et grands éditeurs ?

Nous veillons à ce que tous les éditeurs soient logés à la même enseigne, avec le même type de bureau et de planning, quelle que soit leur taille. Si les grands groupes souhaitent prendre plusieurs tables, nous nous assurons d'abord que tous les éditeurs qui souhaitent participer puissent le faire. De plus, nous appliquons une tarification différenciée selon le chiffre d'affaires, avec désormais trois niveaux de tarifs, ce qui rend l'événement plus accessible aux petites structures.

Quelles perspectives pour l'avenir du Paris Book Market ?

Nous avons atteint un bon équilibre avec environ 260 maisons qui vendent et 260 qui achètent. Une question revient régulièrement : faut-il ouvrir complètement le Paris Book Market à d'autres pays pour en faire un véritable centre international des droits ? Si cela inscrirait davantage l'événement sur la scène internationale, les éditeurs francophones perdraient leur position privilégiée qui fait actuellement tout l'intérêt du rendez-vous... La piste d’un pays invité d’honneur peut être très intéressante et pourrait constituer une voix intermédiaire, c’est à réfléchir !

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