C'est le premier Günther Anders (1902-1992) - il s'appelait alors Stern, celui d'avant les travaux sur l'obsolescence de l'homme, l'étudiant qui écoutait Heidegger, Cassirer et Husserl. Fatalement, son écriture absorbait les tournures des maîtres.
En 1930, il soumet à l'université de Francfort-sur-le-Main un projet de thèse d'habilitation sur la phénoménologie de la musique. Ce volume donne l'occasion d'accéder à des écrits peu connus. Dans une langue pas toujours d'accès facile, avec de nombreux exemples musicaux, Anders déploie sa réflexion sur l'expérience de la musique envisagée comme un motif qui met en mouvement la réflexion philosophique. « Si la musique "signifie" ou "dit" quelque chose "au sujet de...", et si l'homme vit une expérience dans la situation musicale, c'est dans la mesure où cette situation ouvre à autre chose, à l'instar de cette enclave qu'est le sommeil, ou le rêve. »
Condamné à l'exil en raison de la montée du nazisme, le premier mari d'Hannah Arendt abandonnera la problématique musicale pour l'histoire contemporaine à son arrivée aux États-Unis. Sans doute Anders aurait-il creusé ce sillon musical prometteur s'il n'y avait pas eu la guerre.
Phénoménologie de l'écoute - Edition Jean-Luc Nancy - Traduit de l'allemand par Martin Kaltenecker, Diane Meur
Philharmonie de Paris
Tirage: 1 500 ex.
Prix: 16,90 euros ; 448 p.
ISBN: 9791094642306