Connaissez-vous le prix Elysian ? Cette récompense richement dotée est remise à une œuvre littéraire par une firme agrochimique extrêmement innovante mais très controversée, leader notamment des plantes génétiquement modifiées. Le comité du prix est présidé par un certain Malcolm Craig. L’ex-sous- secrétaire d’Etat pour l’Ecosse au Parlement a été choisi par sir David Hampshire, l’ancien chef de cabinet au ministère des Affaires étrangères, désormais retiré de la vie politique mais toujours très épris du pouvoir sous toutes ses formes.
Nous voici propulsés de plein fouet dans le nouveau roman d’Edward St Aubyn. Une comédie hautement réjouissante en forme de foire aux vanités et de satire du milieu littéraire. On croisera ici plusieurs protagonistes amenés à se rencontrer. Parmi les membres du prix Elysian, notons la présence de Jo Cross. Une chroniqueuse et personnalité des médias qui se dit obsédée par la question de la "pertinence". Aux côtés de cette dame, qui tient chaque semaine une rubrique, "Guerre domestique", où elle se plaint de son mari et de ses enfants, on trouve Vanessa Shaw.
Cette universitaire, mariée à un universitaire et mère d’une fille anorexique travaille à un livre sur Edith Warthon et s’intéresse avant tout à "l’écriture de qualité". Il y a aussi là le filleul de sir David Hampshire, Tobias Benedict, acteur qui joue dans une adaptation hip-hop d’En attendant Godot. Autour d’eux gravitent quelques prosateurs mémorables. Sonny, Indien issu d’une illustre famille est persuadé d’avoir écrit un chef-d’œuvre avec L’éléphant de Mulberry. Sam Black, lui, concourt avec Le torrent gelé et semble épris de la romancière Katherine Burns, une femme qui a en moyenne vingt amants par an depuis l’âge de 16 ans.
Affûté au possible, l’auteur du Goût de la mère (Christian Bourgois, 2007, prix Femina, repris chez Points) a autant l’art du portrait que du dialogue et de la scène. Son désopilant Sans voix se dévore le sourire aux lèvres.
Al. F.