Le sénateur de l'Essonne Jean-Raymond Hugonet (apparenté LR) présente ce mercredi un rapport très attendu par la filière sur les crédits d’État alloués à l’industrie du livre.
Joint par Livres Hebdo à la veille de rendre son rapport, le musicien de profession, élu à la Haute Assemblée depuis 2017, dresse un bilan positif de l'aide publique au secteur du livre dans ce rapport de contrôle budgétaire, première étude sénatoriale du genre depuis plusieurs années. « Globalement, c'est très positif et efficace », résume l'élu, saluant une filière « très organisée » où « la relation avec la région, avec l'État, avec les DRAC, fonctionne plutôt bien ».
Un budget de plus de 300 millions, dont 80 % pour la BnF
L'aide globale de l'État à la filière livre atteint « plus de 300 millions d'euros », dont 245 millions uniquement dédiés à la Bibliothèque nationale de France. « Il doit rester 70 millions à peu près » pour le reste du secteur, précise le rapporteur. « Quand je vois les chiffres que l'on brasse en commission des Finances, c'est vraiment minime. Et cet argent-là est particulièrement bien employé », souligne-t-il.
Cette enveloppe apparaît dérisoire comparée aux « 1 000 milliards d'euros » de dette créés pendant la crise sanitaire, observe le sénateur. « L'unité de compte, c'est devenu le milliard ici, dans cette période chaotique financièrement », regrette cet ancien maire et conseiller régional d’Île-de-France.
Au-delà des subventions directes, Jean-Raymond Hugonet valorise le taux de TVA unique appliqué au livre et souhaiterait que le secteur de « la musique puisse bénéficier de ce taux de TVA ».
Un maillage territorial performant
Le rapport, qui sera rendu public ce mercredi 2 juillet, met en avant l'organisation territoriale du secteur, selon son rapporteur. « On a des structures avec un maillage territorial très important, auquel nous sommes sensibles au Sénat puisqu'on est l'assemblée des territoires », explique-t-il. L'élu cite l'exemple de sa commune de Limours, dotée « d'une bibliothèque depuis les années 1980 très belle, avec un fond particulièrement important et réputé en Essonne » et d'une librairie maintenue grâce à l'action municipale.
Seul point noir identifié par le parlementaire : les aides Covid. « Les libraires ont surfé » sur des dispositifs « faits avec un contrôle particulièrement défaillant », dénonce le rapporteur.
Critique virulente du pass Culture, angle mort sur l'occasion
Dans ses conclusions, Jean-Raymond Hugonet érige le livre en exemple : « Ma principale conclusion est que le livre représente un secteur relativement indépendant des financements publics. Les autres industries culturelles gagneraient à s'en inspirer ».
Interrogé sur la baisse du crédit du pass Culture, l’élu a qualifié le dispositif d'« ineptie totale » et d' « archétype » des politiques inefficaces. « C'est juste le contraire de ce qu'il faut faire », tranche-t-il, dénonçant une « subvention déguisée » et une « gabegie », s’appuyant sur le rapport de la Cour des comptes de décembre dernier. Quant aux coupes budgétaires opérées par certaines régions comme les Pays de la Loire, le sénateur invoque le « principe constitutionnel » de « libre administration des communes et des collectivités territoriales ».
Sur le marché émergent du livre d'occasion, source de tensions chez les éditeurs, le rapport reste en retrait. « On l'a identifié comme un enjeu, mais on est au début dans la réflexion », reconnaît Jean-Raymond Hugonet.
Le document, dont le détail sera révélé ce mercredi l'après-midi, devrait permettre de nourrir le débat budgétaire à venir, dans un contexte de restrictions annoncées. « La rentrée va être très difficile pour tout le monde », prévient le rapporteur, qui promet néanmoins de « défendre » un secteur dont il a découvert les vertus peu dispendieuses au cours de ses travaux.