Le décret d’annulation partielle des crédits publié le 26 avril n’aura aucune incidence sur les politiques publiques du ministère de la Culture pour l’année 2025, assure à Livres Hebdo la rue de Valois. L'administration précise qu’il s’agit d’une mesure strictement technique de gestion budgétaire, courante dans le cycle de la dépense publique.
Une « bonne nouvelle »
Le gouvernement a acté au Journal officiel des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards d'euros, dans le cadre d'un effort supplémentaire de 5 milliards pour 2025 annoncé par Bercy début avril. « Cet effort porte essentiellement sur les crédits (...) mis en réserve (des sommes gelées par précaution, NDLR) en début d'année », selon ce texte paru samedi 26 avril.
Pour la culture, cela se traduit par une annulation de 99,9 millions d'euros en autorisations d'engagement (AE) et 93,8 millions en crédits de paiements (CP), précise le décret, en plus des 21,2 millions (AE) et 20,8 millions (CP) de la ligne « Médias, livre et industries culturelle ».
Chaque année, une réserve de précaution est constituée sur les crédits de l’ensemble des ministères. Cette réserve, non fléchée vers des actions précises, vise à sécuriser l’exécution budgétaire en permettant à l’État de se doter d’une marge de manœuvre en cas de besoin en cours d’exercice. Elle peut être annulée en tout ou partie selon les arbitrages macroéconomiques du gouvernement.
Une décision qui n’est pas exceptionnelle
Dans le cas du ministère de la Culture, cette réserve s’élevait en 2025 à 174 millions d’euros. Le décret publié prévoit l’annulation de 114 millions, laissant intacte une enveloppe de 60 millions, qui intègre désormais le budget effectif du ministère, selon le calcul de la rue de Valois qui évoque « une bonne nouvelle ». Ce montant pourra ainsi financer des dispositifs d’intervention, notamment en faveur de la démocratisation culturelle, comme le pass Culture.
Le ministère insiste sur un point crucial : aucun crédit voté en loi de finances n’est affecté par cette opération. Contrairement à la situation de février 2024, où des annulations avaient également porté sur des crédits exécutables (« crédits frais »), le présent décret ne remet pas en cause les engagements budgétaires pris devant le Parlement.
Interrogé sur les lignes budgétaires mentionnées dans le décret, telles que « médias », « livre » ou « industries culturelles », le ministère précise qu’elles ne correspondent pas à des coupes ciblées, la réserve n’étant pas encore affectée à des politiques spécifiques.
Enfin, cette décision n’est pas exceptionnelle. Le recours à la réserve de précaution est un mécanisme annuel, même si son calendrier peut varier d'une année sur l'autre, notamment en raison cette fois-ci de l’adoption très tardive de la loi de finances.
Après la publication du décret samedi, trois organisations professionnelles du spectacle vivant public se sont inquiétées lundi d'une « annulation de crédits » dans la culture. « C'est faux ! », avait rétorqué la ministre Rachida Dati lors de la cérémonie des Molières lundi soir.