Dans son communiqué publié le jour même, le Groupe UDI-MoDem du Conseil de Paris, a déclaré souscrire totalement aux propositions de ce rapport, qui préconise d’amplifier les horaires d’ouverture mais aussi d’élargir les missions des bibliothèques et donne 19 mesures pour y parvenir. "Si beaucoup de bibliothèques parisiennes sont déjà sur la voie de la réalisation des préconisations de ce rapport essentiel, ces efforts doivent être poursuivis et amplifiés", affirme Béatrice Lecouturier, présidente de la commission Culture, Mémoire et Patrimoine du Conseil de Paris.
La commission Culture de La France Insoumise, de son côté, dénonce un rapport avec "zéro ambition et, logiquement, aucun budget à l’appui". Dans son communiqué du vendredi 23 février, le parti de Jean-Luc Mélenchon estime que le rapport "n’a rien ou peu pour motiver les collectivités, et rien pour les personnels", qu’il est "un missile contre les extensions d’ouvertures, contre le service public de la lecture". Il poursuit en affirmant que "ce rapport voit dans les bibliothèques de demain des lieux de vie et d’échanges. Elles le sont déjà, dernier rempart de la vie sociale et des services publics en désertification, et appréciées à juste titre pour cela. Mais on ne peut leur faire jouer ce rôle à titre permanent. La bibliothèque est avant tout un outil public de promotion de l’écrit et de la lecture, L’animation en bibliothèque, dans et hors les murs, ne peut compenser l’état catastrophique d’une société, mais découler d’un projet culturel et éducatif autour des livres dont chaque établissement et les personnels doivent être les moteurs, en lien et en partage avec les usagers".
Du côté des professionnels de la lecture publique, les retours divergent aussi considérablement. Dans un entretien accordé à Livres Hebdo mardi 20 février, Xavier Galaup, président de l’Association des bibliothécaires de France (ABF) tenait un discours positif mais nuancé, saluant un texte "qui contient beaucoup d’ambition et de volonté politique qui vont dans le bon sens", où "les enjeux de la lecture publique qui sont bien expliqués", et qui permettra aux décideurs d’entamer une prise de conscience sur le rôle des bibliothèques et l’importance de leur accorder des moyens financiers conséquents. Le président de l’ABF rappelait cependant que toute démarche d’extension des horaires d’ouverture d’un établissement nécessite un processus long, fait "de réflexion, de dialogue social".
L'ONG Bibliothèques sans frontières (BSF), "salue les conclusions du rapport" mais précise qu'elle attend maintenant des actes du gouvernement et aussi de l'ensemble des pouvoirs publics locaux. "Les bibliothèques doivent être réellement placées au cœur de leurs politiques culturelles, éducatives et sociales", affirme l'ONG.
SavoirsCom1, collectif de bibliothécaires créé par Silvère Mercier et Lionel Maurel, note "19 mesures qui sonnent creux, aucune annonce de financement et une satisfaction de l’ABF et du ministère de la Culture d’être à l’agenda médiatique". "Ne cherchez pas de plan d’action concret, pas de financement, le rapport Orsenna n’en comporte pas", avertit le collectif dans son blog du vendredi 23 février.
Consacré aux libertés à l’ère du numérique et à la libre dissémination des savoirs, SavoirsCom1 indique qu’il aurait aimé "des mesures plus concrètes sur la libération des droits des documents du domaine public numérique. On aurait aimé, au delà d’un énième appel à des partenariats et d’une naïveté profonde sur les enjeux numériques, la formulation d’objectifs et d’un plan d’action clair pour inscrire les bibliothèques dans les politiques publiques de l’inclusion numérique et du développement des communs de la connaissance".
Ces réactions démontrent en tout cas que ce rapport a atteint au moins un de ses objectifs: faire parler des bibliothèques.