On connaissait les comedy clubs, voici désormais le Poetry Club. Ce format, qui remplace sur scène les humoristes par des poètes et poétesses, naît dans l'esprit d'Hadrien, auteur du compte à succès @crottinsverbaux (116 000 followers sur Instagram) et désormais entrepreneur poétique.
« En septembre 2023, alors que j'habite à Montréal, je découvre le dynamisme éditorial autour de la poésie québécoise et des soirées poésie très décomplexées où on rit, on pleure, on danse », retrace le poète. De retour en France, il organise un premier événement en mars 2024 à La Gaîté lyrique à Paris, afin de retrouver cette atmosphère.
Performances en hôtel, clubs et cabaret
Rapidement, le projet prend de l'ampleur. Hadrien embarque dans l'aventure deux anciens collègues venus de l'univers de la publicité, Simon Opfermann et Victorien Garret. Le trio signe un contrat avec l'école d'écriture parisienne Les Mots où ils organisent une scène mensuelle de novembre 2024 à juin 2025, tout en déployant des soirées thématiques dans divers lieux de la capitale : une scène érotique dans un hôtel, une soirée poésie-musique électronique à La Rotonde Stalingrad, un format orienté sur l'écologie au Jardin21 à La Villette, une soirée de clôture à La Bellevilloise…
De quoi attirer un public large, principalement chez les 25-35 ans. « Quand je fais un sondage à main levée en début de soirée, 70 à 80 % des spectateurs vivent leur première fois dans un événement de poésie : il n'y a pas de plus grande fierté pour moi », assure Hadrien.
Pour sa rentrée, le Poetry club donne rendez-vous ce mercredi 3 septembre au Griffon à Paris, une salle de 80 places, avec les artistes Rim Battal, Malo Lafleur, Selim-a Attalah Chettaoui, Marion Fritsch, Héloïse Brezillon et Arthur Ely. Le lieu accueillera deux événements par mois. Le 24 septembre, le Poetry Club sera par ailleurs Chez Michou, le cabaret parisien racheté par Gad Elmaleh, pour une soirée test. Le concept s'installe aussi à Bordeaux, au café culturel Zig Zag, à partir du 10 septembre, tandis que le trio travaille à dénicher un spot marseillais.
Développement économique de la poésie
Pour ces performances, les artistes sont rémunérés. « Il nous semble important d'aider au développement économique de la poésie car il est impossible de vivre de la seule publication de recueils », pointe Hadrien, lui-même auteur du recueil-carnet d'écriture J'avais oublié que c'était beau (Solar, 2024). Les soirées, d'une heure environ, sont donc payantes (13 euros par personne).
Un espace de vente de recueils est par ailleurs installé lors des événements, et des partenariats sont en train d'être noués avec les librairies La Régulière (Paris XVIIIe) et Violette & Co (Paris XIe).
Interpellées par ce format, certaines maisons d'édition viennent aussi prospecter, en quête de talents passés sous les radars, ou d'un nouveau mode de promotion. Ainsi, plusieurs éditeurs sont d'ores et déjà en contact avec le Poetry Club afin d'organiser des événements autour de recueils, mais pas seulement. « Il y a beaucoup de romans et de récits à consonance poétique pour lesquels une performance a du sens », estime Hadrien.
Plus inattendu, des entreprises à vocation sociale ont aussi sollicité le Poetry Club afin de communiquer sur des produits et services « vertueux ». Un modèle économique, et poétique, à suivre.