8 avril > Musique France

Reynaldo Hahn (1874-1947) est connu des amateurs de littérature pour avoir été l’amant, dès 1894, de Marcel Proust, puis son ami intime jusqu’à sa mort, en 1922. L’un des rares à l’appeler "Marcel", tandis que, dans ses lettres, l’écrivain le surnommait "Buncht" ou "Bunibuls". Hahn est présent dans Les plaisirs et les jours, dans Jean Santeuil. Quant à la Recherche, son auteur lui écrivait : "Je veux que vous y soyez tout le temps, mais comme un dieu déguisé qu’aucun mortel ne reconnaît." A sa manière, Proust a prêté des traits de son ami à plusieurs personnages de sa "cathédrale".

Mais, ainsi que cet ouvrage dirigé par Philippe Blay le démontre, il serait injuste d’envisager leur relation à sens unique. Musicien mondain, alors que Proust s’était reclus pour écrire son œuvre, Reynaldo Hahn lui servit en quelque sorte de "périscope", lui racontant tout ce qu’il voyait, tout ce qu’on lui avait confié, matière dont l’écrivain nourrirait son livre. Mais Hahn eut aussi une existence propre. Né au Venezuela dans une famille fortunée, il ne devra gagner sa vie qu’à partir des années 1920. Français dès 1907, combattant en 14-18, ce qui lui vaudra la croix de guerre, compositeur, pianiste, chanteur, chef d’orchestre, critique musical, professeur, voyageur et homme de culture, il a terminé à l’Académie des beaux-arts et directeur de l’Opéra de Paris.

En dépit de cette brillante trajectoire, Reynaldo Hahn était considéré comme un dilettante, et non un grand artiste, un "délicieux musicien insuffisant", d’après son amie Marguerite de Saint-Marceaux. Si l’œuvre mérite d’être (re)découverte, l’homme présenté ici par d’éminents musicologues est fascinant. J.-C. P.

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