Le groupe Madrigall annonce déposer un recours de la décision de la Comco devant le tribunal administratif fédéral suisse, selon un communiqué du groupe.
L'autorité de la concurrence helvétique avait rendu sa décision jeudi dernier après une plainte déposée en 2022 par la chaîne de librairie Payot. La Comco a estimé que les prix d’achats proposés par Madrigall sont abusifs.
« Le groupe Madrigall a pris connaissance de la décision de la Comco portant sur ses relations commerciales avec les librairies Payot en Suisse », fait part le communiqué. « Il considère que la Commission s'appuie sur une interprétation erronée des faits et du droit, de sorte qu'elle retient à tort un "abus de pouvoir de marché relatif" de Madrigall », conclut-il.
Années de négociations
Lors de l'ouverture de l'enquête, le directeur général de Payot, Pascal Vanderberghe, avait expliqué à Livres Hebdo que sa plainte auprès de la Comco avait été déposée contre Madrigall « mais également Interforum, Hachette Distribution et MDS », espérant néanmoins toujours à l’époque « un accord à l’amiable ».
Après des années de négociations avec les maisons d'édition françaises, il s'était appuyé pour déposer sa plainte sur de nouvelles règles dans le droit de la concurrence en Suisse, concernant le pouvoir de marché dit « relatif », qui étaient entrées en vigueur début 2022.
Meilleures conditions tarifaires
Son objectif était d'obtenir de meilleures conditions tarifaires pour assurer la rentabilité des librairies en Suisse, confrontées à une rude concurrence entre la vente en ligne et le tourisme d'achat, les consommateurs pouvant être tentés de se rendre de l'autre côté de la frontière pour acheter leurs livres moins chers.
Environ 80 % des livres vendus en Suisse romande viennent de France et 90 % proviennent des quatre grands diffuseurs, selon le journal helvète Le Temps. Ils sont vendus de 60 à 80 % plus chers que leur prix français. En 2012, le patron de Payot, Pascal Vandenberghe, avait trouvé un arrangement avec Gallimard et Flammarion avant que ceux-ci fassent marche arrière. En 2013, la Comco avait déjà infligé une amende de 16,5 millions de francs (20,6 millions d’euros à l’époque) aux diffuseurs français.