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L’autorité de la concurrence suisse juge « abusifs » les prix facturés par Madrigall aux librairies Payot

Le siège de Gallimard, fer de lance du groupe Madrigall, à Paris - Photo © ED

L’autorité de la concurrence suisse juge « abusifs » les prix facturés par Madrigall aux librairies Payot

Saisie en 2022 par la chaîne de librairie Payot, la Commission de la concurrence Suisse (Comco) a estimé que les prix d’achats proposés par Madrigall sont abusifs. Une décision, soumise à appel, qui pourrait changer la donne entre les distributeurs français et les libraires suisses.

Par Éric Dupuy
avec AFP Créé le 21.11.2024 à 15h40 ,
Mis à jour le 21.11.2024 à 19h04

L'autorité de la concurrence en Suisse a estimé ce jeudi que le groupe français Madrigall abuse de son pouvoir de marché à l'encontre de la chaîne suisse de librairies Payot.

La Commission de la concurrence (Comco) « juge les prix d'achats proposés par Madrigall à Payot comme abusifs », a-t-elle indiqué dans un communiqué, et impose que Payot puisse « s'approvisionner directement aux conditions usuelles en France ».

Active en Suisse romande, la partie francophone du pays, cette chaîne de librairies avait saisi la Comco en 2022 pour contester les conditions d'approvisionnement imposées aux libraires suisses.

Sur-majoration des prix de livres

Cette chaîne, qui compte 13 points de ventes en Suisse, mettait en cause la sur-majoration des prix des livres imposée aux libraires suisses, lesquels sont liés pour leurs commandes à un système de distribution complexe qui les empêche de s'approvisionner directement en France.

« Les libraires suisses achètent jusqu'à présent les livres de Madrigall via les canaux officiels », explique la Commission de la concurrence dans le communiqué. « Payot, une des principales librairies de Romandie, voulait s'approvisionner directement en France » mais « pour ce faire, Madrigall exige de Payot des prix bien plus élevés que ceux habituels en France », note la Comco.

Or Payot « ne dispose pas de sources d’approvisionnement alternatives suffisantes et raisonnables » et est « dépendante de Madrigall », poursuit la Comco. « La Comco impose à Madrigall de permettre à Payot de s'approvisionner directement aux conditions usuelles en France », ajoute son communiqué. Sa décision peut toutefois être contestée devant le Tribunal administratif fédéral.

Les quatre grands distributeurs français visés

Lors de l'ouverture de l'enquête, le directeur général de Payot, Pascal Vanderberghe, avait expliqué à Livres Hebdo que sa plainte auprès de la Comco avait été déposée contre Madrigall « mais également Interforum, Hachette Distribution et MDS », espérant néanmoins toujours à l’époque « un accord à l’amiable ».

Après des années de négociations avec les maisons d'édition françaises, il s'était appuyé pour déposer sa plainte sur de nouvelles règles dans le droit de la concurrence en Suisse, concernant le pouvoir de marché dit « relatif », qui étaient entrées en vigueur début 2022.

Son objectif était d'obtenir de meilleures conditions tarifaires pour assurer la rentabilité des librairies en Suisse, confrontés à une rude concurrence entre la vente en ligne et le tourisme d'achat, les consommateurs pouvant être tentés de se rendre de l'autre côté de la frontière pour acheter leurs livres moins chers.

Environ 80 % des livres vendus en Suisse romande viennent de France, selon le journal helvète Le Temps. Ils sont vendus de 60 à 80 % plus chers que leur prix français. En 2012, le patron de Payot, Pascal Vandenberghe, avait trouvé un arrangement avec Gallimard et Flammarion avant que ceux-ci fassent marche arrière. En 2013, la Comco avait déjà infligé une amende de 16,5 millions de francs (20,6 millions d’euros à l’époque) aux diffuseurs français.

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