n peut se féliciter de voir chaque année dans le Palmarès Livres Hebdo des romans de la rentrée littéraire préférés des libraires des valeurs établies côtoyer de vraies découvertes. Au palmarès 2016 des romans français, les libraires ont placé en tête Laurent Gaudé, un auteur qu’ils soutiennent sur la durée puisqu’il s’inscrivait déjà à la première place en 2008 et en 2010, après une deuxième place en 2006 et avant une troisième en 2012. Le plébiscite dont bénéficie Henning Mankell au palmarès étranger couronne aussi, un an après sa mort, un auteur dont la librairie a toujours soutenu la carrière.
D’autres auteurs, souvent eux-mêmes personnellement très impliqués, tout comme leurs éditeurs, aux côtés des libraires, confèrent à leurs palmarès un caractère familier sinon familial. Il est pourtant frappant de voir percer plusieurs outsiders dans les tout premiers rangs. Primo-romanciers, Gaël Faye et Négar Djavadi s’imposent du côté français. Les surprises sont plus nombreuses encore dans le palmarès des romans étrangers avec l’irruption d’Emily St. John Mandel, de Davide Enia, d’Emma Cline et d’une demi-douzaine d’autres révélations.
La diversité des goûts des libraires, qui ont lu cette année plus de livres que l’an passé, s’illustre aussi dans les choix souvent différents des femmes et des hommes, des jeunes et des moins jeunes, des petits et des gros lecteurs ou encore selon les circuits de vente dont relèvent les libraires interrogés. Reste à transformer ces enthousiasmes en succès publics alors que la grande ouverture de la rentrée 2016 a pour corollaire une difficulté à faire émerger des locomotives incontestables. Un processus complexe, alchimique, dans lequel les médias et les jurys des prix jouent un rôle clé avec, bien sûr, les libraires. On oublie trop souvent que la rentrée littéraire "de septembre", après avoir démarré à la mi-août, dure en réalité au moins jusqu’en novembre.